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19 avril 2024

L’étrange communication des autorités françaises sur le coup d’Etat militaire au Burkina Faso


L’étrange communication des autorités françaises sur le coup d’Etat militaire au Burkina Faso

« Dans l’attente d’une réaction de François Hollande, attendu dimanche au Canada en visite officielle, Paris a observé un silence radio après la désignation, samedi par l’armée, du lieutenant-colonel Isaac Zida comme chef du régime de transition au Burkina Faso. Les bouleversements survenus dans l’ex-colonie française n’en sont pas moins suivis de très près. »Le Figaro

Selon ATS/News : « La France, ancienne puissance coloniale et premier bailleur de fonds du Burkina Faso, ne s’est pas exprimée depuis 48 heures« .

De l’avis général, la France est restée plutôt discrète face au coup d’Etat militaire des pro-Compaoré pour neutraliser la révolution populaire burkinabè qui a entraîné la fuite de leur chef en Côte d’Ivoire. Un étrange silence radio… Alors que les voix des USA, de l’UE, et de l’Union Africaine se font entendre pour condamner la nomination d’un putschiste en chef, le lieutenant-colonel Zida, et demandent à ce que la société civile puisse organiser la transition démocratique, la voix de la France est jusqu’ici restée plus que discrète.
Ainsi l’AFP signale qu’à « Paris, le ministère des Affaires étrangères, ne s’est pas encore officiellement exprimé sur la situation de ce pays d’Afrique de l’ouest« . La dernière fois qu’il s’est exprimé c’était pour appeler toutes les parties au calme, une manière de ne pas désavouer officiellement le pouvoir françafricain actuellement en place.
Philippe Leymarie rappelle dans le Monde Diplomatique que le dictateur Compaoré en place depuis 27 ans « était devenu un relais du système « françafricain » à l’ancienne« . On pourrait même dire une marionnette.

Il précise même en fin d’article :  » Dans l’immédiat, outre – pour les populations – les interrogations nées de la récupération militaire de ce « printemps burkinabé », cet effacement du régime Compaoré complique un peu plus le grand jeu sécuritaire au Sahel, dans lequel s’illustrent notamment les Français. Une unité des forces spéciales françaises, avec les yeux tournés surtout vers le Mali et le Niger, stationnait au sud du Burkina : y restera-t-elle ? Sur le plan politique et diplomatique, Compaoré jouait les entremetteurs, passait les plats : qui le fera désormais ? Comme l’expliquait Michel Galy sur BFM-TV (le 31 octobre 2014), il faudra surtout que Paris, confronté soudain à la perte de ce partenaire typiquement « françafricain » et à ce « vide sécuritaire » au Burkina, « revoie son logiciel politique » à l’égard de ce pays, et sans doute bientôt à l’égard de tous ceux où se posent de semblables et difficiles problèmes de succession. ».

Vous aurez également remarqué cela dit en passant comment le terme « françafricain » refait surface dans la presse française. Car les tyrans « françafricains à l’ancienne » du Tchad au Congo-Brazzaville en passant par le Gabon et le Togo sans oublier le Cameroun sont encore légion malgré ce qu’essaye régulièrement de nous faire croire une certaine presse spécialisée à la lucidité sélective. Les réseaux françafricains modernes s’appuient maintenant directement sur l’armée française (comme en Centrafrique, au Tchad, au Mali, …) et sont aussi en lien avec les réseaux de l’américafrique, de l’Israëlafrique pris dans la mondialisation mais ils sont bel et bien présents et participent au pillage général du continent africain avec l’appui des autorités politiques françaises dans ses « ex-« colonies.

En clair, la disparition de ce dictateur françafricain embarrasse Paris et ses intérêts militaro-industriel et géopolitique dans la région mais c’est surtout la disparition du poids des militaires pro-Compaoré à l’origine du puscth qui embarrasse Paris. Car si ceux-ci sont totalement acquis à la cause françafricaine, de Traoré à Zida, il n’en serait pas de même si la société civile indépendante menait la transition. Et que dire des manoeuvres atlantistes retorses dans le pré-carré françafricain ? Cela explique sans doute le profil bas de l’Etat-major et des politiques français tout acquis à la dictature françafricaine burkinabè.

Dans un article ambigü Le Figaro signale la partition obscure de Paris qui d’un côté condamne et de l’autre protège.
« La France a joué a minima une partition classique en facilitant l’exfiltration du président déchu. Si Paris est attentif, c’est aussi que le Burkina Faso est l’une des bases de l’opération «Barkhane» mise en place pour contrer les groupes islamistes au Mali et dans le reste de la bande sahélienne. Des forces spéciales y sont stationnées avec leurs hélicoptères. Dans l’entourage du ministre de la Défense, on écartait dimanche toute menace à ce stade sur la pérennité du dispositif français. »
Dans cet article, Le Figaro, précise que la France a condamné la révision de la Constitution par le dictateur Compaoré et appelle « à la tenue rapide d’élections démocratiques » mais aucune déclaration franche et claire ne semble condamner les militaires françafricains qui ont pris le pouvoir au Burkina Faso. C’est toute l’ambiguïté de la position française qui d’un côté dit vouloir soutenir la démocratie au Burkina Faso et qui de l’autre craint que cette même transition démocratique réclame le départ des troupes françaises et soit moins favorables aux intérêts de ses multinationales (Total, Vinci, Bolloré, BNP,…).

Le Chef d'Etat Major de l'armée française remercie le Général Honoré Traoré pour sa collaboration militaire au Mali et en Côte d'Ivoire. (Octobre 2013)

Le Chef d’Etat Major de l’armée française remercie le Général Honoré Traoré pour sa collaboration militaire au Mali et en Côte d’Ivoire. (Octobre 2013)

http://le-blog-sam-la-touch.over-blog.com/2014/11/l-etrange-communication-des-autorites-francaises-sur-le-coup-d-etat-militaire-au-burkina-faso.html

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