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29 mars 2024

Sans dépassement ou rupture avec le sionisme, aucune paix juste n’est envisageable. Publié le 4 novembre 2014 |


Sans dépassement ou rupture avec le sionisme, aucune paix juste n’est envisageable.

stambul-sionisme« Le sionisme est une idéologie complexe qu’on ne peut pas résumer à un nationalisme, à un colonialisme, à une réponse à l’antisémitisme ou à une forme pervertie de messianisme. Il est tout cela à la fois, mais il est bien plus ».

Pierre Stambul souligne, entre autres, que le sionisme est « une théorie de la séparation qui pose comme axiome que Juifs et Non-juifs ne peuvent pas vivre ensemble », que l’Etat d’Israël défini comme « Etat juif » est donc un Etat où certain-e-s citoyen-ne-s, parce qu’elles/ils sont juifs/juives sont plus égales/égaux que d’autres, ou que les antisémites et les sionistes essentialisent les individu-e-s.

L’auteur fait un retour sur l’histoire. Sur l’histoire des populations juives, il cite les travaux des archéologues israéliens (voir par exemple, Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman : La bible dévoilée ou Les rois sacrés de la Bible, A la recherche de David et Salomon, Folio histoire, Archéologie, mythes et histoire) ou ceux d’historiens (voir par exemple, Shlomo Sand : Comment le peuple juif fut inventé, Éditions Fayard 2009, Un nous inventé)

et fait, à juste titre, remarquer que « si la Bible a une importance considérable, ce n’est pas un livre d’histoire ». Il met en évidence les mythologies construites, et présente rapidement certains éléments de l’histoire des populations juives. Il rappelle, entre autres, le prosélytisme juif jusqu’au « christianisme triomphant », l’interdit religieux du « retour » à Jérusalem (comme destinée émancipatrice et non comme lieu territorial) avant l’arrivée du Messie.

Pierre Stambul évoque « l’émancipation » des « Juifs » en Europe. Curieusement, s’il cite l’abbé Grégoire, il omet Zalkind Hourwitz : Apologie des Juifs (1789), Mes crimes sont les vôtres, & vous m’en punissez !, qui, contrairement à l’abbé, revendiquait et l’émancipation individuelle et l’émancipation collective en tant que « Juif ».

Il insiste à juste titre sur le Yiddishland.

L’auteur souligne que le sionisme n’a pas d’origine religieuse (sauf pour le sionisme chrétien), que les sionistes considèrent la « diaspora » comme une parenthèse douloureuse.

Destruction des juifs/juives d’Europe (l’auteur parle de « génocide nazi »), création de l’Etat d’Israël (le lien entre ces deux « évènements » mériterait d’être réapprécié, contre une lecture de cause à effet), Nakba et refus du retour des réfugié-e-s palestinien-ne-s expulsé-e-s, malgré les résolutions de l’ONU, discriminations envers les populations juives « venues » des pays arabes, confiscation des terres (92% des terres ayant été palestiniennes avant 1948), guerre de 1967, colonisation de Jérusalem-est et de la Cisjordanie, « accords » dits d’Oslo… « Régulièrement les Etats-Unis empêchent toute condamnation d’Israël à l’ONU et garantissent l’impunité de ses dirigeants » et « Le tribunal Russell pour la Palestine a symboliquement condamné Israël pour apartheid et sociocide et une campagne internationale de boycott est lancée ».

Pierre Stambul examine des différentes facettes de l’idéologie sioniste, les « liens » supposés entre anti-sionisme et antisémitisme, l’auteur souligne « l’instrumentalisation de l’antisémitisme, réel ou supposé » par les sionistes. Il interroge le sionisme en regard du nationalisme, parle du « parti ouvrier juif, le Bund » omis dans la littérature sioniste et ajoute : « Alors que tous les nationalismes propagent une vision idyllique et mythifiée de l’histoire de la nation, le sionisme au contraire occulte l’histoire juive ». Il démythifie les liens entre sionisme et socialisme, et en particulier le kibboutz, parle des crimes de guerres et des crimes contre l’humanité des dirigeants de la « gauche » sioniste.

Il insiste particulièrement sur « sionisme et colonialisme », colonialisme particulier car ne visant pas à asservir les populations colonisées, le peuple palestinien, mais à les expulser et à les remplacer. Avec l’occupation de la Cisjordanie, la situation se transforme, « Cette colonisation est particulière. Il n’y a ni annexion formelle (ce qui obligerait Israël à donner la citoyenneté aux Palestiniens), ni retrait envisagé. Le modèle suivi, c’est l’apartheid avec ses bantoustans ».

L’auteur examine aussi les relations entre « sionisme et monde arabe », « sionisme et christianisme », « sionisme et religion juive », « sionisme et occident » et conclut sur BDS et les revendications de « fin de l’occupation et de la colonisation, égalité des droits, droit au retour des réfugiés »…

 

Le livre se termine par deux textes de d’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) : « Le sionisme est un obstacle à la paix juste » et « De la nécessité de mener la bataille idéologique contre le sionisme ».

 

Un petit livre qui résume (60 pages) correctement ce que fut et ce qu’est le sionisme, ses mythes et ses exactions, et l’importance de la campagne de Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS).

 

Pierre Stambul : Le Sionisme en questions

Acratie, La Bussière 2014, 68 pages, 6 euros

Didier Epsztajn

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