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26 avril 2024

Le Tchad équipe les miliciens de la Séléka avec des armes israéliennes


Le Tchad équipe les miliciens de la Séléka avec des armes israéliennes

Le secret de polichinelle sur le financement des milices Séléka par le Tchad est sur le point d’être éventé. D’après nos informations, les militaires français ont retrouvé dans un véhicule Séléka un fusil d’assaut de fabrication israélienne. Un modèle qui a été acheté en quantités importantes par le Tchad quelques années plus tôt.

 
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Crédit photo: Tous droits réservés d.r.

L’étau se referme sur le président tchadien Idriss Deby, lui qui a toujours nié l’évidence sur son soutien aux milices Séléka qui sévissent en Centrafrique. En suivant la piste des armes, un certain nombre d’éléments incriminent le président tchadien et semblent démontrer son soutien actif.

Armement israélien

Depuis décembre 2013, les militaires français sont déployés en Centrafrique sous les couleurs de l’Opération Sangaris. Les troupes tricolores se sont frottées aux miliciens de la Séléka qui commettaient, tout comme leurs opposants Anti-Balakas, des atrocités principalement dans le Nord et Nord-Ouest du pays.

D’après nos informations, en avril dernier les militaires français ont anéanti un groupe Séléka qui avait pillé et attaqué des villages dont un camp à Boguila tenu par Médecins sans frontières. A la suite de ces affrontements, les soldats de Sangaris auraient retrouvé dans un des véhicules Séléka un fusil d’assaut de marque Galil fabriqué par la société Israel Military Industries (IMI), contrôlée par l’Etat israélien. Souvent décrits comme des sauvages désorganisés, il est peu probable que les miliciens eux-mêmes aient négocié avec Tel Aviv pour obtenir ce type de matériel.

Fusils de la garde présidentielle du Tchad

En suivant la piste des armes et des potentiels parrains de la Séléka, l’attention se porte rapidement sur le Tchad. Comme l’a déjà révélé Mondafrique, le Tchad a tissé depuis l’arrivée au pouvoir d’Idriss Deby, des liens avec Israël et principalement dans le domaine de l’armement. Des sources proches de la famille Deby, confirmaient alors que le fils préféré du président tchadien, Zakaria, s’était rendu à plusieurs reprises en Israël pour parler équipement militaire.

Pour ce qui est des fusils d’assaut Galil, Mondafrique a pu consulter un contrat datant de 2007 qui officialise l’achat par le ministère de la Défense du Tchad de 2 000 de ces modèles. Acquis pour équiper la garde présidentielle de Deby, le contrat stipule que « les matériels ci-dessus énumérés ne serviront exclusivement aux Forces de Défense et de Sécurité du Tchad et ne seront ni vendus, ni transmis à une tierce partie étrangère à la République du Tchad ».

Un rapport d’experts des Nations Unies sur les exactions en Centrafrique rendu le 29 octobre arrive aux mêmes conclusions (1). Affirmant que le contrat israélo-tchadien date de 2008, le rapport ajoute que « des fusils identiques (ont) été saisis dans d’autres régions de la République centrafricaine. » Plus loin, les experts expliquent avoir envoyé une lettre au Tchad le 5 juin 2014 « dans laquelle il demandait des informations complémentaires sur les armes en question et proposait de se rendre au Tchad pour élucider cette question. La Mission permanente du Tchad a accusé réception de sa lettre et demandé un délai supplémentaire de deux semaines. Cependant, le Groupe d’experts n’a pas encore reçu de réponse. »

Face à ces éléments accablants, le double jeu d’Idriss Deby apparait de plus en plus clair. Alors que le président Deby s’est récemment rapproché de la présidente de transition Catherine Samba-Panza, ses manigances pourraient bien le rattraper. Ce sera ensuite à Paris de se justifier sur la lune de miel avec le Tchad, pays qui finance l’ennemi Séléka.

 

(1) Le Coordonnateur du Groupe d’experts sur la République centrafricaine créé par la résolution 2127 (2013) du Conseil de sécurité. (Signataires : Aurélien Llorca, Paul-Simon Handy, Ahmed Himmiche, Ruben de Koning, Carolina Reyes Aragón).

Publié par Clement Fayol

Journaliste indépendant, diplômé en relations internationales à Beyrouth. Pigiste pour différentes publications sur Moyen-Orient, Afrique et Économie. Travaille particulièrement sur les pays d’Afrique centrale et du Sahel.

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