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29 mars 2024

BURKINA FASSO : LA REVOLUTION TRAHIE ET RECUPEREE


# EODE ZONE AFRICA/ BURKINA FASSO : LA REVOLUTION TRAHIE ET RECUPEREE

 

Luc MICHEL pour EODE Zone Afrique/

Avec AFP – EODE Press Office/ 2014 11 19/

 

« Ce n’est pas la gueule de bois mais il y a un peu de ça (…)

Personne ne va se tromper, c’est lui qui va diriger le pays ».

– Un diplomate à l’AFP.

 

« une confiscation du pouvoir qui ne dit pas son nom

par le lieutenant-colonel qui semble faire un one man show »

– Hama Ouédraogo (un fonctionnaire de 28 ans).

 

Dès les premières heures de la Révolution Burkinabé, j’avais exprimé sur les plateaux d’AFRIQUE MEDIA TV mes inquiétudes sur la récupération du soulèvement par les hommes des Occidentaux, l ‘Armée en tête. J’affirmais que ce seraient les agendas de Washington et Paris – qui ne sont pas identiques – qui domineraient in fine. L’actualité confirme mes craintes.

 

LE LIEUTENANT-COLONEL ZIDA PREMIER MINISTRE, LES CIVILS INQUIETS

 

La transition civile, imposée par Washington sous peine de sanctions, à peine entamée au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Isaac Zida, qui avait pris le pouvoir fin octobre à la chute de Blaise Compaoré, a été nommé mercredi Premier ministre, signe que l’armée va conserver toute son influence dans le jeu politique. Ce maintien de l’armée au coeur du pouvoir a suscité une relative inquiétude de la société civile et un mécontentement parmi la plupart des habitants de Ouagadougou, interrogés par l’AFP.

 

Le président de la transition Michel Kafando, qui avait pris de lourdes responsabilités dans l’assassinat de Sankara, « décide que (…) M. Yacouba Isaac Zida est nommé Premier ministre », selon un décret officiel lu à la presse. Michel Kafando, dans un entretien à Radio France internationale (RFI) avait laissé entendre qu’il était prêt à ce que l’officier, inconnu il y a encore trois semaines, « puisse jouer un rôle essentiel dans la stabilisation » du pays, insistant sur « la place » nécessaire de l’armée dans la transition, au vu du rôle qu’elle a joué ces dernières semaines.

 

Après la chute du président Blaise Compaoré, chassé par la rue le 31 octobre après 27 ans de règne, Isaac Zida, numéro 2 de la garde présidentielle, avait alors soufflé le pouvoir au chef d’état-major des armées, qui s’était pourtant officiellement déclaré. « Il a fait un vrai coup d’Etat », remarquait un diplomate.

 

Au terme d’intenses négociations impliquant l’armée, les partis politiques et la société civile, une charte de transition avait été adoptée en fin de semaine et un nouveau président intérimaire désigné, Michel Kafando, chargé d’organiser des élections générales d’ici novembre 2015.

 

La désignation de Kafando, un diplomate expérimenté au profil de technocrate -soutenu par l’armée- avait été saluée par la majorité des Burkinabè. Celle du colonel Zida est en revanche diversement commentée. « Il n’y a pas de problème que Zida soit à la Primature » sachant que la constitution intérimaire « n’interdit pas que le Premier ministre soit un militaire ou un civil », a commenté Ablassé Ouédrago, l’un des chefs de l’opposition.

 

QUELLE SERA LA REACTION DE LA RUE ?

 

« Nous sommes inquiets, mais pas plus que ça », a déclaré à l’AFP Me Guy Hervé Kam, porte-parole du BALAI CITOYEN, un mouvement dont les capacités de mobilisation de la jeunesse ont compté dans la chute de Compaoré. Sams’K le Jah, chanteur et co-fondateur du BALAI CITOYEN, dit attendre ses actes pour juger Zida, et relève que, au pouvoir, des civils sont parfois « pires que des militaires ». « Il va falloir voir dans quelle mesure cette nomination est de nature à changer l’orientation de la transition », a commenté Siaka Coulibaly, politologue et membre de la société civile.

 

Mais pour Moussa Yabré, hôtelier de 29 ans à l’air triste, « la révolution vient d’échouer ». L’armée « veut nous voler notre lutte », peste Assane Ilboudo, étudiant de 25 ans. Même écho chez Hama Ouédraogo, un fonctionnaire de 28 ans, qui dénonce « une confiscation du pouvoir qui ne dit pas son nom » par le lieutenant-colonel qui semble faire un « one man show ».

 

La jeunesse, qui a porté la contestation et semble particulièrement hostile à un pouvoir militaire qui serait « une trahison de la révolution », pourrait cependant réagir avec virulence, avec une possible reprise de la contestation dans la rue. « Il ne reste plus que Kafando nomme un élément de la garde présidentielle comme Premier ministre pour couronner cette mascarade », lançait l’un d’eux Philippe Edouard Kaboré, 26 ans, applaudi par un groupe d’étudiants, poing dressé…

 

ZIDA, UN « MILITAIRE DE L’OMBRE INSTALLE AU COEUR DU POUVOIR »

(DIXIT L’AFP) QUI A PRIS LA MAIN

 

Suspension des conseils municipaux et régionaux, limogeage de deux responsables d’entreprises publiques pour « sabotage »: le lieutenant-colonel, avant même sa nomination par décret mercredi, a montré ces dernières heures qu’il entendait continuer de tenir les rênes. Car dans les faits, le nouveau Premier ministre avait déjà pris la main dans des domaines publics importants. Les patrons de la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (Sonabhy) et d’électricité (Sonabel), proches du clan Compaoré, ont en effet été limogés « pour sabotage ». Ces mesures s’ajoutent à la suspension des conseils municipaux et régionaux, dans lesquels les pro-Compaoré étaient fortement majoritaires.

 

L’AFP dresse le portrait de Zida : « Solide gaillard à la fine moustache et aux lunettes sans monture, cet officier protestant de 49 ans était inconnu des Burkinabè avant la crise qui a emporté le président Compaoré le 31 octobre, forcé à fuir sous la pression populaire. Depuis lors, le numéro deux de la garde présidentielle a su se rendre incontournable. Durant près de trois semaines, ce natif de Yako (centre) formé au Centre d’entraînement commando de Pô (sud), un lieu stratégique du pouvoir, a exercé sans complexe les fonctions de chef de l’Etat et donné le rythme de la transition. Toujours en uniforme, béret rouge vissé au crâne, c’est lui que viennent alors voir des chefs d’Etat de la région pour tenter d’obtenir le retrait de l’armée. C’est aussi lui qui reçoit les nombreux acteurs de la scène burkinabè, pilotant les tractations sur la transition et négociant chèrement la place des militaires dans la future architecture institutionnelle. »

 

L’action du colonel ne peut qu’inquiéter : « Il affiche toutefois une certaine prudence: il établit ses quartiers au Conseil économique et social, et non dans le palais présidentiel déserté.

 

Mais le colonel Zida est surtout l’homme des occidentaux, aussi bien de Paris que de Washington : « Dans les heures qui avaient suivi la chute de Compaoré, les hauts gradés de l’armée avaient préféré Zida au chef d’état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré, qui s’était déclaré mais que beaucoup considéraient comme trop proche de l’ancien président.

Le lieutenant-colonel est, lui, connu pour être un proche du général Gilbert Diendéré, le chef d’état-major particulier de l’ex-chef de l’Etat. Officier discipliné, Zida a intégré la garde présidentielle en 1996 et est respecté de la troupe. Quand éclate en 2011 une mutinerie qui, déjà, faillit faire tomber le régime, il est l’un des rares au sein du RSP à être épargné par les mutins, quand les autres gradés subissent la furie des soldats. Titulaire d’un master en management international de l’université Jean Moulin de Lyon (France), il a exercé entre 2008 et 2009 comme Casque bleu au sein de la Mission onusienne en République démocratique du Congo ». Durant la crise ivoirienne (2002-2011), il fut un officier de liaison dans le cadre de la médiation menée par le président Compaoré.

 

Et plus grave encore, il a suivi en 2012 une formation antiterroriste en Floride (Etats-Unis), c’est-à-dire sous le contrôle des grandes agences US, dont la CIA.

 

L’UA AFRICAINE BAFOUEE !

 

« Mais, s’il donne rapidement des gages de bonne volonté quant à un passage de flambeau aux civils, il se pose aussi en défenseur de la souveraineté nationale », dit avec satisfaction l’AFP.

« Il défie ainsi l’Union africaine (UA), balayant d’un revers de main ultimatum et menaces de sanctions ».

 

Le délai de deux semaines fixé par l’UA pour un retour à un pouvoir civil, « ce n’est pas véritablement une préoccupation pour nous », lance-t-il. « L’UA peut dire +dans trois jours+, ça n’engage que l’Union africaine ».

 

Où est la volonté du peuple ivoirien qui a chassé Compaoré dans tout cela ???

 

Luc MICHEL

 

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