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25 avril 2024

Algérie/ Conférence sur les massacres du 8 Mai 1945


Algérie/ Conférence sur les massacres du 8 Mai 1945
«Il faut une condamnation internationale du génocide du colonialisme»

El Watan, 5 novembre 2015

Condamner le génocide colonial, reconnaître le statut de martyr aux victimes et écrire notre histoire. Ce sont les trois recommandations des spécialistes ayant participé, hier à Alger, à une conférence-débat sur les massacres du 8 Mai 1945, dont «le 70e anniversaire n’a été célébré que très timidement» cette année.

Animée en marge du Salon international du livre d’Alger (SILA) qui se tient depuis mercredi dernier à la Safex des Pins maritimes, cette conférence a été une occasion d’attirer l’attention sur certaines vérités historiques à l’occasion de la commémoration du déclenchement de la guerre de Libération nationale. «Il ne faut plus se contenter de parler des massacres du 8 Mai 1945. On devrait parler du génocide du colonialisme, car les massacres ont eu lieu durant toute la période coloniale.

C’est-à-dire depuis le 14 juin 1830», clame d’emblée Youcef Farhi, membre fondateur de l’Association développement, dialogue et démocratie lancée par feu Bachir Boumaza, qui est devenue la fondation du 8 Mai 45 depuis 1990. Selon lui, cette terminologie a déjà existé dans les textes algériens avant de disparaître après l’indépendance. «Il y a un document du MTLD qui parlait de génocides. Ce terme nous l’avons, peu à peu, abandonné pour ne garder que les massacres», soutient-il.

Youcef Farhi plaide, ainsi, pour la nécessité de condamner le génocide colonial en invitant tous les pays ayant souffert du colonialisme à s’associer à cette démarche qui est «plus importante que celle de demander des excuses». «Il faut criminaliser la colonisation comme crime contre l’humanité. Beaucoup de pays ont souffert du fait colonial. Si on réussit à le condamner avec tous ces peuples, ce sera le plus grand succès», ajoute-t-il.

Relevant le rapport entre le colonialisme et l’Eglise, Youcef Farhi déplore le fait que les massacres du 8 Mai 1945 sont complètement ignorés dans les textes algériens. «La Charte d’Alger, par exemple, ne consacre que trois petites lignes à ces massacres», souligne-t-il, invitant à une «écriture sérieuse et objective de l’histoire d’Algérie». C’est dans ce sens qu’abonde l’universitaire et journaliste Lyazid Dib. Soulignant, d’abord, les séquelles indélébiles de la violence des massacres du 8 Mai 1945, il affirme que «c’était cette date qui était le prélude au déclenchement de la guerre de Libération nationale».

Mais, indique-t-il, en dépit de la «barbarie coloniale», «l’atrocité des massacres» et le nombre important de victimes, ces événements risquent d’être oubliés un jour. «Alors que le 70e anniversaire de la Fête de la victoire a été un événement important en Europe, chez nous le 8 Mai 1945 a été timidement célébré», explique-t-il. Lyazid Dib déplore, dans la foulée, l’absence de reconnaissance du statut de martyr pour cette catégorie de victime.

«Ce statut n’est accordé qu’aux victimes de la guerre de Libération nationale (1954-1962). Il n’y a donc aucune reconnaissance officielle des victimes d’avant 1954», rappelle-t-il. Et d’ajouter : «Nous devons reconnaître nos martyrs nous-mêmes, avant de demander à autrui de le faire. A quoi sert de demander des excuses, si nous ne respectons pas notre histoire ?» 

Madjid Makedhi

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