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19 avril 2024

HOLLANDE : prétention messianique et canonnières intimement liées.


Avec la solennité nécessaire, le Président français devant les élus des deux chambres a annoncé l’entrée de son pays dans la guerre.

Sur fond d’une tuerie choquante qui a bouleversé le peuple français et le monde bien au-delà.

Émotion qui nous rappelle, à notre corps défendant, l’indifférence qui a entouré nos propres morts et nos propres douleurs, survenues dans des proportions dantesques.

La veille de ces attentats du 13 novembre, Charlie Hebdo se moquait des morts tués dans l’attentat qui a détruit l’avion russe au-dessus du Sinaï égyptien.Charlie Hebdo ne s’est pas encore excusé mais nous ne savons pas si les défenseurs de liberté de transgresser tous les tabous, sauf la sacralité d’Israël, accepteront que Charlie Hebdo se moque des morts de ces attentats?

La peine que nous éprouvons devant cette tuerie, se dédouble de cette peine de redécouvrir l’inégalité devant la mort comme existe l’inégalité dans la vie.

Nous serions tentés de nous consoler de toutes ces morts, les nôtres d’Irak en Algérie comme ces morts en France en paraphrasant qui vous savez : «les morts dominants d’une époque, sont les morts de la classe dominante». Vous pouvez mettre des pays dominants ou des peuples dominants. Le doute nous saisit à juste titre à voir les votes de ces peuples qui donnent systématiquement le pouvoir à une droite de tradition coloniale ou à une gauche de tradition tout aussi coloniale, l’habillage humaniste et messianique en plus.

Et à constater combien sont solitaires les anticolonialistes de cette France et, au-delà, de cette Europe. Combien sont solitaires les voix de la simple raison d’intellectuels qui rappellent que même la politique obéit à des chaînes de causalités, de détermination et de logiques et qu’elle n’est pas le terrain de l’arbitraire d’individus bien ou mal inspirés.

La France est en guerre, depuis bien longtemps, dans la définition la plus restrictive de la guerre : l’usage de la force armée contre d’autres forces armées. En guerre contre la Libye, totalement détruite, en guerre contre la Syrie contre laquelle elle a armé, selon l’aveu de Hollande, elle est sur des positions d’intervention militaire dans toute l’Afrique de l’ouest et en position de dicter ses orientations par la pression militaire active ou par la simple présence de ses forces.

Il est temps de rappeler que cette politique est celle des corps expéditionnaires de triste mémoire.

Le porte-avions en route vers les côtes syriennes, n’inaugure pas une nouvelle expédition coloniale. Il porte à un niveau plus élevé l’intervention française après l’armement des groupes terroristes et la coordination avec d’autres acteurs dans une guerre par procuration menée en Syrie et à la Syrie. L’intervention russe vient de mettre fin aux possibilités de vaincre l’Etat national syrien par cette guerre par procuration. Désormais, les acteurs postés par derrière doivent intervenir directement, soit au cours des négociations sans masques à Vienne ou ailleurs, soit par leur présence militaire directe.

Chacun peut mesurer les immenses conséquences géostratégiques directes pour l’Etat français, s’il sort défait, de cette guerre par procuration. Et indirectement par le naufrage de ses «si démocratiques» alliés saoudiens et du Golfe, bien au-delà des ventes d’armes et des promesses d’investissement en France, les banlieues comprises.

La France est en guerres extérieures depuis longtemps.

En fait, depuis l’ivresse du «droit d’ingérence» qui a saisi ses élites néocons et sionistes, post mur-de-Berlin. Depuis la Yougoslavie, la Serbie, la Somalie, l’Afghanistan.

Le peuple français ne le savait pas, ne le savait plus, ou l’a oublié.

Ou alors cela arrangeait l’image de grand peuple architecte de l’ordre mondial qu’il avait besoin ou envie de se faire de lui-même.

Mais tout cela nous sort des guerres de quatrième génération pour nous ramener aux  modèles de l’archéo-bellicisme colonial : prétention messianique et canonnières intimement liées.

M. B.

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