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18 mars 2024

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Olivier Mukuna

Jeudi 21 novembre 2019

Les révélations de l’Express concernant les productions racistes et négationnistes de Yann Moix, intitulées « Ushoahia » (1989-1990), interrogent à plus d’un titre. D’un traitement médiatique différencié à l’état actuel de la lutte contre toutes les formes de racisme. Invité à deux reprises à la télévision (France 2, le 31 août ; C8, le 7 novembre) pour « s’expliquer », l’écrivain âgé de 51 ans affirme regretter une faute de jeunesse et promet « d’attaquer en justice quiconque [l’]accusera d’antisémitisme ». Rideau ? Non, car il reste quelques gros problèmes…

Par concision superficielle, réflexe politiquement correct ou copinage médiatique, la majorité des médias a survolé voire invisibilisé les véritables enjeux de l’affaire Moix. Jusque là, rien de très inhabituel. Ensuite – après deux mois de silence -, Yann Moix s’est vu réhabilité en télévision et a décroché un poste de chroniqueur sur la chaîne privée C8. Une première inquiétante. Après l’exhumation de ses productions d’une virulence raciste et négationniste inouïes, Yann Moix est donc la première personnalité controversée à se voir non seulement vite « pardonnée » mais aussi récompensée par l’octroi d’un job très lucratif de chroniqueur-télé.

Ce deux poids deux mesures – qui ne défrise personne au sein des médias français et belges comme chez les associations antiracistes – a pourtant déclenché l’activisme d’un chercheur universitaire franco-israélien en Israël. Pour Nissim Amzallag« l’affaire Yann Moix » ou « l’affaire Ushoahia » ne peut en rester là car celle-ci recèle « un danger énorme ». Dans une double perspective – d’intérêt public et journalistique -, il nous a donc semblé pertinent d’interviewer ce chercheur afin qu’il réponde à nos questions et nous livre son analyse. Détonante et à contre-courant, cette dernière est également… interdite de médiatisation francophone.

Oui, interdite. Puisque depuis une semaine, soit depuis le 12 novembre 2019, cet entretien a été proposé pour publication à 15 médias français et belges. Cinq d’entre-eux l’ont refusé officiellement (sans même le lire) tandis qu’une dizaine d’autres ont laissé, jusqu’à ce jour, notre sollicitation sans réponse (ce qui, en journalisme, est la façon impolie de refuser une contribution extérieure).       .

Pourtant, sur le fond, il s’agit moins des impostures nauséabondes de Yann Moix que de la réaction complaisante d’un milieu parisien face à l’expression antisémite, négrophobe et négationniste de l’un des siens. Ouvrant la porte à un inquiétant précédent : l’apparition d’un racisme-négationnisme «pardonnable» du moment que celui-ci provient d’une personnalité qui a fait contrition télévisée et continue de s’afficher comme un soutien inconditionnel de l’Etat d’Israël.

 

 

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Source : Olivier Mukuna
http://oliviermukuna.canalblog.com/…
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