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20 avril 2024

Solidarité avec la « Gira por la Vida » des zapatistes


Tierra y Libertad, 2021 ! Solidarité avec la « Gira por la Vida » des zapatistes

Message de solidarité envers la délégation zapatiste des indigènes et insurgés du Mexique. – Nous sommes nombreux à saluer les camarades zapatistes. Par son caractère mondial, planétaire, la « Gira por la Vida » est une initiative historique sans précédent, un exemple de la force internationaliste de l’expérience zapatiste. Cher(e)s camarades, vous nous apportez un message de lutte intransigeante, de résistance tenace, mais aussi d’espérance, de recherche d’alternatives anti-systémiques, de formes de vie communautaires.

 

Tierra y Libertad, 2021 !

Solidarité  avec la Gira por la Vida des zapatistes

Nous sommes nombreux dans ce vieux continent à saluer la Gira por la Vida des camarades zapatistes. Par son caractère mondial, planétaire, c’est une initiative historique, sans précédent.  C’est un exemple impressionnant de la force internationaliste de l’expérience zapatiste, qui a touché les consciences de tant de personnes dans les plus divers lieux du monde. C’est une expérience qui, avec toutes ses inévitables limites et contradictions, porte bien haut, depuis trente années, le drapeau rouge et noir de la dignité et de l’émancipation.

La remarquable Déclaration pour la Vie est l’expression de cet engagement éthique, social, humain et révolutionnaire; elle réunit, dans une heureuse synthèse, l’ouverture à la diversité et la convergence dans le combat au système.

« Ce n’est pas possible de domestiquer ce système » dit la Déclaration. Très juste ! Si le système était un animal sauvage – un tigre, ou même un crocodile – on pourrait peut-être le domestiquer. Mais il est quelque chose de bien pire : une machine aveugle de destruction, qui écrase tout dans son chemin. Le capitalisme – pour l’appeler par son nom – est un système intrinsèquement pervers, dont la logique destructive est necropolitique et ecocide, sacrifiant toutes les formes de vie, humaines ou pas, aux nouveaux idoles, équivalents modernes des anciens Moloch, Mammon et Baal : le Marche’, le Profit, l’Accumulation du Capital.

« La survie de l’humanité dépend de la destruction du capitalisme », dit la Déclaration.  Elle a mille fois raison ! Le capitalisme, avec sa dynamique destructrice, nous conduit inexorablement vers une catastrophe écologique sans précédent, qui menace les fondements même de la vie dans la planète : le changement climatique. Nous avons besoin de détruire ce système avant qu’il nous détruise : en d’autres termes, nous avons besoin d’une révolution. Walter Benjamin, dans ses Theses de 1940, définissait la révolution non comme la « locomotive de l’histoire », mais comme l’humanité qui tire les freins d’urgence pour arrêter le train. Rien n’est plus vrai aujourd’hui : nous sommes tous des passagers d’un train suicide, la civilisation capitaliste moderne, qui court, à une vitesse croissante, vers un abîme mortel : la catastrophe écologique. Nous devons tirer les freins d’urgence de la révolution avant qu’il ne soit trop tard. Les zapatistes sont à l’avant-garde de ce grand combat planétaire.

Le vieux mot d’ordre d’Emiliano Zapata, gravé en lettres,de,feu sur les bannières de l’Armée du Sud, est plus que jamais actuel : Tierra y Libertad ! “Terre” signifie à notre époque non seulement la lutte paysanne pour la terre – toujours présente aujourd’hui dans le Sud global – mais aussi la lutte pour sauver notre Mère Terre de la rage destructrice du capital. Et “Liberté” signifie non seulement en finir avec les divers dictateurs qui, comme Porfirio Diaz dans le Mexique de 1911, oppriment leurs peuples, amis aussi libérer l’humanité de la dictature du capital, qui veut nous enfermer dans une cage d’acier.

Cher(e)s camarades de la délégation des indigènes et insurgent(e)s du Mexique :  vous nous apportez un message de lutte intransigeante, de résistance tenace, mais aussi d’espérance, de recherche d’alternatives anti-systémiques, de formes de vie communautaires. Vous représentez le plus ancien – les traditions collectivistes et communautaires des civilisations indigènes des Amériques – et le plus nouveau, l’esprit libertaire de l’auto-organisation, et de l’auto-gouvernement, des communautés insurgeantes.

Paraphrasant Che Guevara, je dirais que nous avons besoin de un, deux, trois, cent Chiapas rebelles, dans le monde.  Peut être que votre Gira por la Vida contribuirá pour que s’étende, dans d’autres lieux, la volonté de rupture avec le    système et la recherche d’alternatives radicales.

Hasta la Victoria de la Vida, Siempre !

Michael Löwy

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