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26 avril 2024

Le combat de l’Algérie contre Israël en Afrique


Le combat de l’Algérie contre Israël en Afrique

Algérie-Palestine, même combat

En raison de la farouche opposition algérienne, l’adhésion d’ »Israël » à l’Union africaine est presque impossible.

 

Hussam AbdelKareem

 

Le 16 octobre 2021, le Conseil exécutif de l’Union africaine a annoncé le report de sa décision d’approuver ou de rejeter le « statut d’observateur » d’ »Israël » dans l’Union au prochain sommet africain prévu en février 2022. Cette décision est en fait l’aboutissement d’un grand effort déployé par l’Algérie politiquement et diplomatiquement pendant trois mois auprès des pays africains pour s’opposer et faire face à la décision soudaine prise par le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, d’accepter la demande d’ »Israël » d’adhérer à l’Union africaine en tant que membre observateur, et la présentation subséquente par l’ambassadeur israélien en Éthiopie (le pays siège) de ses lettres de créance à l’Union le 22 juin 2021.

Dès le premier jour de la décision de Moussa Faki, un ancien premier ministre tchadien formé en France, l’Algérie est entrée dans une sorte d’état d’urgence, et une décision a été prise au plus haut niveau pour lancer une campagne diplomatique globale et utiliser tout le poids et les capacités politiques de l’Algérie pour faire avorter la décision personnelle de Faki. Le ministère algérien des Affaires étrangères a annoncé son rejet total de l’admission d’ »Israël » dans les rangs de l’Union africaine et a déclaré que le président de la Commission n’avait pas consulté les États membres à cet égard.

L’Algérie a commencé à bouger et a réussi à convaincre six pays arabes africains (à l’exception du Maroc et du Soudan, engagés dans un processus de normalisation), à savoir la Tunisie, l’Égypte, la Mauritanie, Djibouti, la Libye et les Comores, d’annoncer leur opposition à la décision de Faki dans une déclaration le 3 août. Moussa Faki s’est rapidement senti visé par les pressions de la diplomatie algérienne, représentée par le ministre Ramtan Lamamra, et a donc publié une déclaration officielle le 6 août dans laquelle il répond à l’Algérie et affirme que sa décision d’accepter « Israël » comme membre observateur relève bien de ses compétences.

La campagne algérienne contre « Israël » en Afrique ne s’est pas arrêtée (l’Afrique du Sud, qui avait des réserves sur la décision de Moussa Faki dès le premier jour, a coopéré avec elle), et a réussi à persuader le Soudan de se joindre aux pays s’opposant à la décision de Faki dans une déclaration publiée par le ministère soudanais des affaires étrangères le 15 octobre. Et le jour suivant, l’Algérie a réussi à prendre la tête d’un groupe de 24 pays africains qui ont également annoncé leur objection à Faki, ce qui a incité le Conseil exécutif à décider finalement de reporter la décision d’accepter l’adhésion d’ »Israël » au prochain sommet. Il s’agit d’une victoire diplomatique importante pour l’Algérie car elle signifie en fait, presque certainement, l’échec du projet d’adhésion d’ »Israël ». En raison de la forte opposition algérienne, le prochain sommet africain ne pourra plus approuver la décision unilatérale du tchadien Faki concernant le statut d’Israël comme observateur.

Cette activité et cette efficacité algériennes sont dues, en partie, à sa volonté de compenser les années de relative inaction qui ont caractérisé la diplomatie algérienne pendant le règne de l’ancien président malade, Abdelaziz Bouteflika, ce qui a permis à « Israël » de noyauter certains cercles africains qu’il n’atteignait pas auparavant. Benjamin Netanyahu a intensifié ses contacts avec les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique subsaharienne en 2016 et a accueilli en « Israël » une conférence agricole à laquelle 15 pays africains avaient participé. Il a également effectué plusieurs visites dans la région et se sentait triomphant au point de déclarer publiquement, lors de sa visite au Liberia : « Israël revient en force en Afrique ! ». Israël a réussi à établir des relations diplomatiques avec un nombre record de pays africains (46 pays sur les 55 membres de l’Union africaine).

Historiquement parlant, feu Gamal Abdel Nasser s’est chargé, dans les années cinquante et soixante du siècle dernier, de combattre la pénétration israélienne sur le continent africain. Il a profité du poids de l’Égypte à l’époque et de ses relations avec les mouvements de libération nationale du continent pour contenir la présence israélienne et la maintenir dans des limites minimales (notamment avec le régime raciste de l’apartheid en Afrique du Sud). Au lendemain de la guerre d’octobre 1973, Israël n’avait des relations diplomatiques qu’avec quatre pays africains. Mais le coup d’État de Sadate en Égypte et les accords de Camp David ont à nouveau ouvert les portes de l’Afrique à Israël. L’étendard de la lutte contre l’expansion israélienne en Afrique est alors passé au colonel Kadhafi en Libye, qui a accordé une grande attention aux pays du continent et a construit un réseau de relations étroites avec eux, leur a fourni un soutien financier et a contribué, jusqu’à son assassinat en 2011, dans une large mesure à maintenir la plupart des pays africains, en particulier ceux de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, hors de l’influence israélienne.

Les relations maroco-israéliennes croissantes sont l’une des raisons de cette activité algérienne au niveau africain. L’Algérie ne considère pas Israël comme seulement une menace pour le monde arabe,  mais aussi une menace directe pour sa sécurité à ses frontières immédiate. Lorsque Israël et le Maroc ont couronné des décennies de leurs relations non officielles en annonçant l’établissement de relations diplomatiques complètes en décembre 2020, le président algérien Abdelmajid Tabboun a déclaré : « Nous remarquons une sorte de précipitation vers la normalisation. Nous n’y participerons pas et nous ne la bénirons pas. La cause palestinienne est sacrée pour nous ici en Algérie, et c’est la mère de toutes les causes ». Son Premier ministre de l’époque, Abdelaziz Jerad, a ensuite fait une déclaration forte dans laquelle il a affirmé que « l’Algérie est visée » et qu’il existe une volonté étrangère pour que le sionisme atteigne les frontières de l’Algérie.

Pour l’Algérie il est hors de question de laisser entrer les sionistes à l’Union africaine.

En d’autres termes, les dirigeants algériens en sont venus à considérer les relations et les activités d’Israël au Maroc voisin comme une menace stratégique directe pour sa sécurité, ce qui a provoqué une grande tension dans ses relation avec le régime marocain. Le journal algérien « Al-Shorouk » a publié un article intitulé expliquant les vrais desseins du Maroc dans sa normalisation avec Israël. hostiles. Ce qui a aggravé les choses, ce sont les informations des services de renseignement selon lesquelles Israël a aidé le Maroc à établir une base militaire près de la frontière algérienne. Les choses ont franchi les lignes rouges lorsque l’Algérie a estimé qu’Israël, par le biais du Maroc, tentait de s’immiscer dans les affaires intérieures algériennes. Et récemment, la télévision algérienne a annoncé que le mouvement séparatiste et terroriste « MAK » avait des liens avec Israël et le Maroc et que ses membres étaient en contact avec des parties israéliennes sous couvert d’organisations de la société civile. Pour toutes ces raisons, l’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc en août dernier.

Israël, à son tour, a réagi en accusant l’Algérie de faire partie d’un axe qui inclut l’Iran. Son ministre des affaires étrangères, Meir Lapid, depuis Casablanca, a exprimé ses inquiétudes « sur le rôle de l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine ».

Aujourd’hui, l’Algérie redouble de dynamisme pour combattre et contrecarrer l’expansion sioniste en Afrique. Cela n’a rien d’étonnant pour un pays révolutionnaire à l’histoire glorieuse, un pays qui a conduit victorieusement la résistance au colonialisme, qui, depuis l’époque de sa grande révolution, il y a soixante ans, s’est associé à la Palestine, à sa révolution et à sa cause, et l’a considérée comme la jumelle de son âme et de sa lutte, et qui est toujours dans la même position.

Hussam AbdelKareem

Traduit de l’anglais par AA

Source : Al Mayadeen Net

https://english.almayadeen.net/articles/opinion/algeria-battling-israel-in-africa

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