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2 mai 2024

Le colonialisme d’Israël


 

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brief.me|PANORAMA
Israël-Palestine
L’enlisement d’un conflit
Mise à jour le 11 juin 2023
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Il y a 75 ans, en mai 1948, Israël déclarait son indépendance. Depuis, l’État hébreu et les Palestiniens sont en conflit permanent. Si l’Autorité palestinienne jouit aujourd’hui d’une certaine autonomie, elle revendique la création d’un État souverain. Le conflit englobe aussi une dimension religieuse, en raison de la présence de lieux saints juifs et musulmans dans la ville de Jérusalem. Malgré de nombreuses tentatives de règlement du conflit, le processus de paix est à l’arrêt.
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POURQUOI ÇA COMPTE ?
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La solution à deux États
« Le processus de paix reste au point mort », a déploré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en février 2023. L’ONU prône une solution à deux États pour le règlement du conflit israélo-palestinien. Selon cette vision, Israël existerait aux côtés d’une Palestine « indépendante » et « souveraine » sur la base des frontières d’avant 1967 – avant qu’Israël ne conquière des territoires palestiniens – et « avec Jérusalem comme capitale des deux États », a expliqué fin avril le Coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient. Plusieurs pays soutiennent cette solution, dont la France et les États-Unis. Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, l’organe exécutif palestinien, s’est également déclaré en faveur de cette solution. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, s’est dit ouvert, dans une interview à CNN le 1er février 2023, à l’existence d’un État palestinien, mais sans « les pouvoirs qui peuvent » menacer Israël, comme une armée.
Les colonies israéliennes en Cisjordanie
Israël a commencé à installer des colonies de peuplement – qu’il appelle « implantations » – en Cisjordanie occupée à partir de 1967. À ce jour, il existe 132 colonies officiellement établies par le gouvernement et 146 « avant-postes » (des colonies non approuvées par le gouvernement) en Cisjordanie occupée hors Jérusalem-Est, selon un recensement de l’ONG israélienne Peace Now. En 2021, les colons israéliens représentaient environ 15 % de la population de la Cisjordanie, selon Peace Now. Ce chiffre progresse chaque année. L’ONU considère ces colonies comme illégales au regard du droit international. Plusieurs ONG de défense des droits humains ont dénoncé un régime « d’apartheid » en Cisjordanie, Amnesty International citant par exemple des saisies massives de terres et de biens aux Palestiniens ainsi que des restrictions à la liberté de circulation. Israël a entrepris en 2002 l’édification d’un mur de séparation en Cisjordanie qui suit le tracé de la ligne verte, la ligne d’armistice de 1949 entre Israël et les territoires palestiniens. Ce mur est destiné, selon le gouvernement israélien, à garantir la sécurité du pays.
Le statut de Jérusalem
Jérusalem est une ville sainte pour les trois principaux monothéismes (judaïsme, christianisme et islam). Sa vieille ville, située à Jérusalem-Est, abrite l’esplanade des Mosquées, où se trouve la mosquée al-Aqsa. Ce lieu sacré de l’islam en est aussi un dans le judaïsme, car il se situe sur le mont du Temple, où se trouvait un temple dont il reste aujourd’hui un mur, le mur des Lamentations, un lieu de prière pour les juifs. Depuis la conquête de Jérusalem-Est par Israël en 1967, l’esplanade des Mosquées est régie par un statu quo, selon lequel le Waqf, une fondation islamique jordanienne, administre le site et les non-musulmans ne sont pas autorisés à y prier, mais peuvent le visiter à certaines heures. L’esplanade des Mosquées est un lieu de tensions récurrentes entre Israéliens et Palestiniens. Jérusalem-Est est la capitale revendiquée de la Palestine, tandis qu’Israël a proclamé dans une loi fondamentale de 1980 – qui a valeur constitutionnelle – que Jérusalem « entière et unifiée » est sa capitale.
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La peur structure tout l’appareil d’État depuis la naissance d’Israël. Cela est dû à deux choses principales : la Shoah et la géographie d’Israël.
Eva Illouz
sociologue franco-israélienne
octobre 2022
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LES DATES À RETENIR
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1948
Création d’Israël
Israël proclame son indépendance en 1948, sur la base d’un plan de partage de la Palestine voté à l’ONU en 1947 qui prévoit l’existence d’un État juif, d’un État arabe et d’une zone internationale à Jérusalem. La Palestine était depuis 1922 sous mandat britannique, fixant au Royaume-Uni l’objectif d’y « assurer l’établissement du foyer national pour le peuple juif ». La population juive y a fortement augmenté durant cette période. Dès le lendemain de la proclamation d’indépendance d’Israël, les États arabes voisins envoient leurs armées en Palestine pour empêcher le partage territorial. Le premier conflit israélo-arabe se solde début 1949 par la victoire d’Israël, soutenu par plusieurs puissances étrangères. Selon les armistices conclus, Israël prend possession des territoires conquis pendant la guerre, dont Jérusalem-Ouest. De l’État arabe prévu par l’ONU, il ne reste alors que la bande de Gaza (sous contrôle égyptien) et la Cisjordanie (sous contrôle jordanien). Cette guerre a poussé à l’exode plusieurs centaines de milliers de Palestiniens, qui se sont réfugiés dans les pays voisins. L’exode palestinien résultant de la création d’Israël est appelé « Nakba » (catastrophe en arabe) par les Palestiniens.
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1967
La résolution 242
Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte à l’unanimité en novembre 1967 la résolution 242, dans laquelle il dénonce la conquête de territoires palestiniens par Israël à l’issue de la guerre des Six Jours. Ce conflit, qui a opposé l’État hébreu à plusieurs États arabes en juin 1967, a permis à Israël de s’emparer de la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, de la bande de Gaza, ainsi que de la péninsule du Sinaï égyptien et du plateau du Golan syrien. Le Conseil de sécurité de l’ONU qualifie dans sa résolution les territoires palestiniens d’« occupés » et appelle au retrait des troupes israéliennes, sans préciser de quels territoires. En Cisjordanie, Israël procédera à l’installation de colonies et à l’annexion de territoires, dont Jérusalem-Est où il mènera des expropriations de Palestiniens. Le Sinaï sera rendu à l’Égypte en 1979 et Israël se retirera de la bande de Gaza en 2005. Le plateau du Golan, annexé par Israël en 1981, est toujours revendiqué par la Syrie.
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1993
Les accords d’Oslo
Sous l’impulsion du président américain Bill Clinton, Yasser Arafat, le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), une organisation palestinienne, et le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, signent en 1993 le premier accord d’Oslo. Via ce texte, Yasser Arafat accepte le droit d’Israël à une existence en paix et le gouvernement israélien reconnaît le droit des Palestiniens à se gouverner eux-mêmes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. La déclaration met fin à la première « Intifada », un soulèvement déclenché en 1987 par des Palestiniens contestant l’occupation israélienne, qui a donné lieu à des violences meurtrières de la part des deux camps. L’accord d’Oslo II, signé en 1995, permet l’organisation des premières élections générales palestiniennes l’année suivante, à l’issue desquelles Yasser Arafat devient président de l’Autorité palestinienne, l’entité gouvernementale palestinienne. Le texte partage aussi la Cisjordanie en trois zones à souveraineté différenciée : A sous contrôle palestinien, B sous contrôle mixte et C sous contrôle israélien.
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2007
Le blocus de Gaza
Le Hamas, une organisation politique et militaire islamiste palestinienne, remporte en 2006 les élections législatives, les premières depuis celles de 1996. Il défait ainsi le Fatah, un parti politique rattaché à l’OLP, qui détenait jusqu’alors la majorité. Des heurts éclatent entre les deux parties, le Fatah refusant de laisser le Hamas exercer son mandat. Le Fatah et le Hamas s’opposent dans leur attitude vis-à-vis d’Israël : le second refuse de reconnaître l’existence de l’État hébreu et appelle à la résistance armée. En juin 2007, après plusieurs mois de guerre civile palestinienne, le Hamas prend le pouvoir par la force dans la bande de Gaza, évinçant le Fatah du territoire. Le gouvernement israélien déclare en septembre 2007 la bande de Gaza « territoire hostile », en raison des attaques menées par le Hamas contre Israël, et impose des restrictions (limitation du passage de marchandises et de personnes et limitation d’approvisionnement en électricité et carburant). Ce blocus terrestre, maritime et aérien est toujours en vigueur aujourd’hui.
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Les moins de 30 ans sont nés après la signature des accords et les perspectives de paix se sont éloignées. Dans l’ère post-Oslo, rien n’a encouragé la jeunesse palestinienne à croire aux négociations.
Marie Durrieu
enseignante et doctorante à Sciences Po, spécialiste du Proche-Orient
février 2023
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CHIFFRES À L’APPUI
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5,9 millions de réfugiés palestiniens
5,9 millions de réfugiés palestiniens étaient enregistrés auprès de l’UNRWA au 1er janvier 2022, selon ce programme de l’ONU qui vient en aide aux réfugiés palestiniens. La plus grande partie d’entre eux se trouvent en Jordanie (2,4 millions) et à Gaza (1,6 million), par exemple dans des camps de réfugiés. Les autres sont répartis entre la Cisjordanie, la Syrie et le Liban. Il y avait plus de 14 millions de Palestiniens dans le monde mi-2022, selon l’office palestinien de statistiques.
6 500 morts dans le conflit en 15 ans
Depuis 2008, plus de 6 200 Palestiniens et 290 Israéliens sont morts dans le cadre du conflit israélo-palestinien, selon un recensement du bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), mis à jour fin mars 2023. La grande majorité des décès de Palestiniens ont eu lieu dans la bande de Gaza. L’Ocha recense également plus de 146 000 Palestiniens et 6 000 Israéliens blessés.
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QU’EST-CE QUE ÇA VEUT DIRE ?
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Intifada

Intifada est un terme arabe qui signifie « soulèvement ». Il est associé aux deux mouvements de révolte palestiniens contre l’occupation israélienne en Cisjordanie et à Gaza qui ont émaillé le conflit israélo-palestinien. La première Intifada a eu lieu de 1987 à 1993. Elle a débuté après des faits divers et s’est caractérisée par des émeutes, ainsi que des jets de pierres et de cocktails Molotov contre des Israéliens, auxquels les forces israéliennes ont répondu par des actions de répression. Elle a pris fin lors de la signature des accords d’Oslo. La seconde Intifada a été déclenchée en 2000, après la visite de l’esplanade des Mosquées dans la vieille ville de Jérusalem par Ariel Sharon, chef du Likoud, le parti conservateur israélien alors dans l’opposition. Cette visite a été perçue comme une provocation par les Palestiniens. Ce second soulèvement, qui a duré cinq ans, a été marqué par des attentats. Les deux intifadas ont causé la mort de plusieurs milliers de Palestiniens et d’Israéliens.

Hamas

Le Hamas est une organisation politique et militaire islamiste palestinienne. Il cherche à « résister à l’occupation israélienne, libérer la terre palestinienne » et « établir un État palestinien souverain », explique-t-il sur son site internet. Le mouvement, fondé dans la bande de Gaza en 1987 lors de la première Intifada, est une émanation des Frères musulmans, un mouvement islamiste. Principalement actif dans la bande de Gaza, qu’il contrôle depuis 2007, le Hamas organise des attaques contre Israël (via des attentats principalement jusqu’en 2005, puis via des tirs de roquettes). Il est classé comme organisation terroriste par plusieurs pays et entités, dont les États-Unis et l’Union européenne. Le Hamas gère aussi des programmes sociaux dans la bande de Gaza.

Tsahal

Tsahal est le nom de l’armée israélienne. Elle comprend une armée de l’air, une armée de terre et une marine. Elle a été créée dès la déclaration d’indépendance de l’État hébreu, en 1948. En Israël, le service militaire est obligatoire pour les hommes ainsi que pour les femmes, sauf quelques exemptions (Arabes israéliens, femmes mariées, étudiants religieux, etc.). Ceux aptes au service sont appelés à l’âge de 18 ans et le service dure entre deux et trois ans. À la fin du service militaire, ces soldats sont affectés à une unité de réserve. Les réservistes constituent la principale force de Tsahal, selon le site officiel des forces armées israéliennes. Ils sont régulièrement convoqués pour des périodes d’entraînement et de service ainsi qu’en cas de crise.

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POUR ALLER PLUS LOIN
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Les bénéfices de l’annexion pour Israël

Dans le reportage « Israël : les routes de l’annexion » diffusé en 2021, Arte documente l’implantation d’Israël en Cisjordanie occupée, via la construction de routes et l’établissement de colonies. Il en explique les ressorts économiques, fonciers et démographiques pour Israël.

Témoignages de Gazaouis

Une série de courts-métrages animés, appelée « Murmures depuis Gaza », met en scène des témoignages de Palestiniens vivant dans la bande de Gaza. Ces habitants dénoncent leur quotidien sous l’emprise du Hamas, ses oppressions et ses exactions. Cette série a été réalisée par le Centre pour la communication de la paix, une organisation basée aux États-Unis de promotion de la paix au Moyen-Orient.

C’était notre panorama sur le conflit israélo-palestinien.
Rédaction
Mathilde Belin
Infographie
WeDoData
Design
Upian
Crédits photo
David Silverman/Getty Images
Mise à jour le 11 juin 2023
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