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2 mai 2024

Israël va-t-il être remplacé par la Palestine sur le territoire qui s’étend « entre la rivière et la mer »?


6 Novembre 2023 , Rédigé par Réveil CommunistePublié dans #Positions, #Asie occidentale, #Impérialisme,
Israël va-t-il être remplacé par la Palestine sur le territoire qui s’étend entre la rivière et la mer?
L’État israélien va-t-il être supprimé, et remplacé par un État palestinien occupant tout l’espace de l’ancien Mandat britannique de Palestine (1919₋ 1948), suivant le slogan « de la rivière à la mer » ?

Israël est reconnu internationalement depuis la résolution de l’ONU de 1947 qui a partagé la Palestine en deux États étroitement imbriqués, un juif, un arabe, plus un statut international pour la ville de Jérusalem ; mais l’État arabe a été tué dans l’œuf par l’État juif, la majorité de ses habitants ont été chassés, et on peut donc considérer que la conquête de facto, réalisée complètement en 1967, de tous les territoires du Mandat palestinien concernés par le plan de partage en a annulé les effets juridiques et a retiré à cet État toute légitimité internationale qui en proviendrait.

Mais en règle générale qui vaut pour les juifs, les arabes, et tous les autres, le droit naturel d’une population à vivre sur un territoire donné ne peut être déduit que d’un seul fait : elle y est née, et la génération précédente y était née aussi, et pour faire droit aux cas particuliers on doit étendre l’effet à la génération précédente; les juifs ont donc le droit de vivre sur le territoire de l’ancien Mandat palestinien « de la rivière à la mer » parce qu’ils y sont installés depuis trois générations ou davantage, pour cette raison et celle-là seulement. Qu’ils s’y soient installés à l’époque par la force et la spoliation d’un autre peuple ne change rien à ce fait accompli.

Une population expulsée, et ses enfants à la génération suivante ont incontestablement aussi le droit de revenir sur leur territoire d’origine, et ce droit devrait être étendu de la même manière sur deux générations nées en exil.

Aucune prétention à plus longue durée n’est recevable a priori en droit international car elle introduirait un précédent déstabilisateur pour l’ensemble des territoires institués qui existent dans le monde. S’il faut faire droit aux prétentions historiques lointaines, telles qu’elles ont été avancées par les sionistes pour justifier des droits du peule juif sur la Palestine, la Mongolie peut alors revendiquer la moitié du monde, l’islam peut revendiquer les Balkans et l’Espagne, et l’Angleterre les États-Unis. L’Ukraine peut revendiquer la Russie et réciproquement. Mais un droit au retour des Palestiniens exilés étendu sur plus de trois générations, s’il paraît plus raisonnable, aboutirait à peu près au même effet chaotique que les revendications tirées de la Torah.

Donc on ne peut pas expulser en droit les juifs de Palestine, et le droit au retour des descendants des réfugiés palestiniens de 1948 est en voie de disparition avec les générations qui ont été directement affectées. Cela dit sur le territoire du Mandat qui regroupe Israël (moins le Golan syrien) la Cisjordanie, et la Bande de Gaza il faut soit faire la place pour un État palestinien dans les frontières prévues en 1947, soit rebattre toutes les cartes et créer un État unifié judéo-arabe. La solution une n’est plus plausible psychologiquement si on considère que les torrents de haine qui ont coulé de part et d’autre ont rendu toute réconciliation impossible – souvent non sans bonnes raisons, mais les territoires des deux États avaient été dessinés sans continuité territoriale pour rendre leur coopération nécessaire et ne sont pas viables s’ils ne s’entendent pas. Il ne faut pas oublier que la Palestine entière à la superficie de quatre départements français.

La solution deux est donc sans doute la seule possible, et sur le territoire du Mandat à l’heure actuelle il y a en additionnant les populations de Gaza, la Cisjordanie et les Arabes israéliens pour la plupart résidents en Galilée, environ neuf millions d’Arabes palestiniens et huit millions de juifs israéliens, soit une faible majorité arabe qui serait augmentée si le droit au retour était concédé aux réfugiés de la Nakba de 1948 qui vivent encore, à leurs enfants et petits-enfants. Il est probable que beaucoup d’Israéliens, notamment les nombreux binationaux refuseront de vivre dans un État majoritairement arabe, soit par orgueil colonial, soit plus prosaïquement par crainte pour leur sécurité ce qui ferait encore plus pencher la balance démographique de l’autre coté.

Si une défaite politico-militaire obligeait l’État juif de se dissoudre et permettait la refondation d’un État palestinien, il est très probable que la plupart de ses potentiels citoyens juifs émigreraient en direction de l’Europe ou de l’Amérique du Nord. Un minorité d’entre eux s’accommoderait sans doute à y rester comme une minorité, mais plus nombreux seraient ceux qui fanatisés par les idéologies sionistes préféreraient sans doute se faire tuer sur place plutôt que d’en arriver là. Mais ils n’auront dans ce cas réussi qu’à retarder l’inévitable conclusion. La défaite d’Israël est en effet certaine à moyen terme, car les États-Unis en déclin vont devoir lui retirer leur protection inconditionnelle, à moins d’être entraînés dans la chute de ce qui n’est après tout pour eux qu’un satellite. Sauf si l’État juif réussi à trouver au prix de nombreuses concessions de nouveaux protecteurs du coté des Russes ou des Chinois.

Et il n’est pas certain que le philosémitisme officiel de l’Occident depuis 1945 survive à une telle défaite et qu’il reste accueillant pour des réfugiés juifs.

On peut donc en conclure que la seule solution raisonnable est de construire un État palestinien arabo-juif mais qu’il manque de gens raisonnables pour la mettre en pratique. Les deux États intriqués de 1947 n’étaient pas viables séparément, mais seulement dans le cadre d’une fédération calquée sur le modèle soviétique associant dans l’unité d’un projet politique et social des peuples de langues et de traditions différentes, slaves, turcophones, et autres – et c’est d’ailleurs pour cette raison que l’URSS dirigée à l’époque par Staline a soutenu le plan de partage.

Dans l’avenir probable auront lieu donc malheureusement encore une ou plusieurs de guerres sanglantes qui finiront après beaucoup de morts et de destuctions évitables par un exode de la majorité des juifs vers les pays qui voudront bien les accepter.

GQ, 6 novembre 2023

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