Génocide des Tutsi : À Paris, les Rwandais marchent pour la mémoire et la vérité
8 avril 2019
The Huffington Post
07/04/2019
Dimanche 7 avril, rescapés et membres de la diaspora rwandaise en France ont souligné un douloureux 25e anniversaire.
Par Pierre Tremblay
GÉNOCIDE DES TUTSI – “Le facteur extérieur, c’est la France”. Ce dimanche 7 avril, le triste sort de près d’un million de Tutsi assassinés au printemps 1994 a été commémoré à Kigali comme à Paris.
Dans la capitale française, où des milliers de Rwandais s’étaient réfugiés avant ou après le génocide, un cortège de rescapés et autres membres de la diaspora a marché du Jardin du Luxembourg jusqu’au parc de Choisy. Sur place, une délégation d’officiels et d’élus a dû faire face à des discours et témoignages à la saveur parfois politique.
Au cours des derniers jours, l’absence annoncée d’Emmanuel Macron aux cérémonies officielles dans la capitale rwandaise, ainsi que l’ouverture d’une commission d’enquête excluant les plus éminents spécialistes du Rwanda, ont déçu de nombreux militants, associations et personnalités qui réclament depuis des années plus de transparence sur le rôle de la France pendant et avant la tragédie.
“Après vingt-cinq ans, il est désormais temps d’effectuer des pas décisifs pour la vérité et la justice”, ont notamment réclamé 300 signataires d’une lettre ouverte publiée par Le Temps.
Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, plusieurs Rwandais que nous avons rencontrés ont marché à la fois pour la mémoire des leurs et la vérité.
“C’est seulement par la suite qu’on commence à comprendre la violence de ce qui s’est passé, le mécanisme du génocide, les facteurs extérieurs…”, explique, avec le recul, Olivier, un père de famille franco-rwandais qui a vécu le génocide depuis Paris, avant de lâcher à notre micro : “Et les facteurs extérieurs, c’est la France. Le pays où j’ai grandi est lié de près au génocide. Ça interroge”.
Une partie de la démarche de commémoration, c’est venir en soutien aux rescapés et demander justice.Olivier, Franco-Rwandais
Si tous ont salué la décision d’Emmanuel Macron de faire du 7 avril une “journée de commémoration du génocide des Tutsi”, les messages plus ou moins subliminaux en faveur d’une plus grande transparence de l’État français ont rythmé la commémoration.
“Celui qui ne dit pas la vérité piège tout le monde. Et ce piège, nous devons le défaire, nous serions irresponsables de le laisser à nos enfants”, a déclaré Marcel Kabanda, président de l’association Ibuka, organisatrice de l’événement et reçue vendredi à l’Élysée.
Quelques minutes plus tard, un rescapé, après un long et bouleversant témoignage, a jeté un pavé dans la mare en révélant le rejet de sa demande de naturalisation pour “manque de loyalisme”, le tout face au ministre de l’Économie Bruno Le Maire, seul représentant du gouvernement.
“Cela pose le problème du malaise de certains politiques français face à cette histoire”, a ensuite expliqué sur Twitter Alain Ngirinshuti, dont vous vous pouvez retrouver le témoignage dans notre vidéo ci-dessous.
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