Aïcha Kadhafi fait de la résistance
29 février 2012
Aïcha Kadhafi fait de la résistance
Elle est bien la fille de son père. Aïcha continue de porter la voix du guide libyen, au grand dam des autorités algériennes.
L’AUTEUR
Mise à jour du 29 février: La Libye somme les pays voisins de livrer à Tripoli tous les partisans de l’ex-dictateur libyen ayant trouvé refuge dans ces États. L’Algérie, qui a accueilli Aïcha Kadhafi, est naturellement visée. L’Algérie aurait refusé l’extradition de la famille Kadhafi, rapporte le site Marrakech.
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Mise à jour du 2 février: La Cour pénale internationale (CPI) a refusé aujourd’hui que la fille du défunt leader libyen Mouammar Kadhafi, Aïcha, intervienne dans le cadre de la procédure devant la Cour contre son frère Seif al-Islam, a-t-elle annoncé. Aïcha Kadhafi avait affirmé vouloir fournir des informations « concrètes » à la Cour pénale internationale (CPI).
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Tel père, telle fille, disent certains. Sur les traces de son défunt père, Aïcha compte bien résister jusqu’au bout. Exilée en Algérie dans un lieu tenu secret, la fille du guide libyen porte à son tour la voix du régime, celle de son père tué dans des circonstances encore non établies. Aïcha connait l’exercice. Ce n’est pas la première fois qu’elle prête son talent d’oratrice à la cause du régime. En avril dernier, alors que Mouammar Kadhafi régnait toujours sur Tripoli, cette avocate de formation se mobilisait déjà à ses côtés et dénonçait «la provocation des rebelles» et les frappes de l’Otan. Une insulte pour tous les Libyens, disait-elle face à une foule conquise.
«Ils ont fait pleuvoir sur nous leurs missiles et leurs bombes. Ils ont tenté de me tuer. Ils ont tué des dizaines d’enfants en Libye», avait déclaré la fille du colonel. « Parler de démission de Mouammar Kadhafi est une insulte à tous les Libyens. Il n’est pas en Libye mais dans le cœur de tous les Libyens.»
Sauf qu’en quelques mois, l’étau se resserre sur le régime. Après la prise de la capitale le 22 août, la descente aux enfers commence. La madone de Tripoli est obligée de quitter ses beaux appartements dont les médias retiendront ce magnifique banc doré en forme de sirène qui ressemblait étrangement à la maîtresse des lieux. La mégalomanie se transmet de père en fille…
Aïcha et l’exil algérien
Accompagnée de sa mère Safia et de ses deux frères Mohammed et Hannibal, Aïcha Kadhafi trouve refuge en Algérie le 29 août. Ils suivent quasiment en direct la mort politique du régime, les deux hommes qui l’incarnaient tombent, l’un mort, l’autre vif. Bien qu’affectée par la fin de règne des Kadhafi en Libye, Aïcha fait de la résistance, quitte à embarrasser son hôte algérien. Elle déroge au devoir de réserve imposé par Alger et complique les relations de bon voisinage que les autorités algériennes voudraient instaurer avec le nouveau gouvernement libyen. Celle que les médias italiens surnommaient la Claudia Schiffer du désert ne semble pas prête à lâcher le flambeau porté par son père pendant plus de quatre décennies.
Pour preuve, dans une lettre diffusée le 28 novembre sur la chaîne al-Raï basée à Damas, Aïcha Kadhafi rend un hommage teinté d’envolées lyriques à son défunt père, qu’elle présente comme un «martyr» qui a fait preuve de «dignité» et de «courage» jusqu’à la fin de sa vie.
«Mouammar Kadhafi ne nous a pas quitté car il demeure dans l’esprit de tous nos enfants» chantait la fille du colonel.
Outre le culte qu’elle ne cesse de rendre au guide libyen, Aïcha utilise ses sorties médiatiques à des fins politiques en appelant ses compatriotes «à se venger de l’Otan et du CNT». Elle ne mâche pas ses mots à l’égard des révolutionnaires et des nouveaux dirigeants qu’elle tient comme responsable de la mort de son père. Sauf que cette résistance, Aïcha la fomente d’Algérie, qui l’a certes accueillie en août dernier, mais qui ne cautionnera pas pour longtemps ses propos. Le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères a récemment déploré la position de son invitée et a rappelé que la famille Kadhafi était sur le sol algérien pour une durée limitée.
Après l’Algérie, le Venezuela?
Nulle résistance n’existerait sans embûche. La chaîne al-Raï utilisée par la fille Kadhafi n’émet plus depuis le 4 décembre. Mais peut-être pas pour longtemps…
«J’ai proposé à ma sœur Aïcha (…) de mettre la chaîne à sa disposition, pour qu’elle la déplace dans le pays qu’elle veut et qu’elle désigne la personne de son choix pour la diriger et cela à partir du 15 janvier 2012 », a annoncé Michan al-Joubouri, le patron de la chaîne al-Raï.
Depuis quel pays Aïcha Kadhafi pourra-t-elle résister en 2012? Plusieurs pistes. L’Algérie? Alger préfère plutôt s’en débarrasser si l’en croit l’hebdomadaire Paris Match qui révélait dernièrement que «les autorités algériennes seraient en passe de trouver une solution pour se débarrasser des membres de la famille Kadhafi». Après l’hypothèse d’un exil en Afrique du Sud, les yeux sont aujourd’hui tournés vers le Venezuela d’Hugo Chavez qui pourrait accueillir Aïcha Kadhafi et sa chaîne de propagande. Peu importe le lieu, Aïcha résiste et accuse. Entourée d’une armada d’avocats, elle a saisi la Cour pénale internationale pour enquêter sur les circonstances entourant la mort de son père et celle de son frère Moutassim. L’héritage Kadhafi, c’est elle.
Nadéra Bouazza