AMÈRE VICTOIRE DE L’ÉCOLOGISME
27 mai 2012
Une analyse sur le mouvement écologiste que je partage pour une bonne partie tout en regrettant que cette diffusion arrive un peu tard. Nous étions quelques un/es à dénoncer le fait que les écologistes, au lieu d’essayer d’analyser les causes profondes de la destruction de la nature et de l’orchestration de la misère dans certaines parties du monde, du pillage des ressources et des savoirs des pays du Sud, ont préféré se lancer dans le jeu électoral afin de grapiller quelques places dans l’échiquier politique. Ils ont fait de la politique comme les autres et n’ont rien changé. La troisième voix universelle sur laquelle nous avions travaillé avec Mouammar Kadhafi prenait bien en compte la criminalité du capitalisme, dénonçait également le productivisme sans tomber dans le piège du collectivisme. Il aurait fallu un débat mondial sur ces propositions.
Ginette
AMÈRE VICTOIRE DE L’ÉCOLOGISME
dimanche 27 mai 2012, par Visiteur (Date de rédaction antérieure : 10 mars 2010).
http://mai68.org/textes/ecologis.htm
Dans un monde qui n’a pas été essentiellement transformé, l’écologisme a réussi. Cette victoire se retourne contre l’écologisme, qui n’attendait rien que du renversement de l’ordre social dominant.
Ainsi, avec Brice Lalonde, l’écologisme obtint un ministère. L’écologisme ayant réussi dans le capitalisme, a donc réussi à se vendre. Un pot catalytique coûte cher, la viande « garantie sans hormone » aussi, etc… L’écologisme ne se vend pas seulement au sens où il est devenu un label publicitaire permettant de vendre plus cher, mais aussi et peut-être surtout au sens où les écologistes se vendent au pouvoir : Brice Lalonde, à ma connaissance, est le premier à avoir montré l’exemple : à Malville, en 77, il y avait une gigantesque manifestation-occupation contre le surgénérateur ; 100 000 personnes se battaient très durement contre les bandes armées du pouvoir ; on a parlé de guerre civile ; devinez qui réussit à disperser la manif et comment il s’y prit ? ce fut Brice Lalonde, en nous faisant croire qu’on avait gagné. Pour sa récompense, il a obtenu un ministère… de l’environnement (ce qui pourrait prêter à sourire si l’on n’était pas capable, en généralisant, de deviner que puisqu’on est nommé à un ministère de l’environnement après avoir prouvé sa capacité à vaincre un mouvement favorable à l’environnement, il en va de même pour tous les postes politiques « importants », comme le ministère à la condition féminine, le ministère du SIDA — pardon, de la santé —, etc…). Son exemple fut suivi par bien d’autres écologistes qui acceptèrent d’être élus, c’est-à-dire de gérer les nuisances écologiques nécessairement produites par le capital ; et même le groupe « Robin des bois » s’est vendu.
Après Dumont en 74, Waechter se réjouit de l’augmentation du prix de l’essence. D’après eux, seuls les riches ont le droit de consommer. Dans quel camp sont-ils ?
Bombard est un naïf : il crut pouvoir faire quelque chose pour l’écologie en entrant au premier gouvernement socialiste en 81. Mais c’est un gentil : quelques semaines plus tard il est reparti complètement écoeuré. Il y a environ 20 ans, il passa à la télé. Il était sur un frêle esquif avec une boite de conserve ouverte et vide. Il disait approximativement : « Voyez, comme il y a quelques années, je vais essayer de me nourrir en ramassant du plancton à la surface de la mer ». Il fait le geste d’écumer l’eau de mer avec sa boite. « Regardez, dit-il, je verse dans ma main ce que j’ai obtenu : il n’y a que des matières grasses, pétrolifères,… de la pollution. Non seulement le plancton, poumon de la mer, et base de la pyramide écologique de celle-ci, est détruit, mais encore, comment voulez-vous que l’eau s’évapore, sous cette couche grasse qui flotte sur elle. Nous sommes sur la partie de l’océan atlantique censée approvisionner le Sahel en eau. Si l’eau ne peut s’évaporer, elle ne peut non plus former de nuages que le vent aurait transporté jusqu’au Sahel où il aurait plu ».
Évidemment, aujourd’hui le spectacle prétend que s’il ne pleut pas au Sahel, c’est de la faute à la déforestation, et il en accuse les populations locales. Il dit que l’évaporation des forêts complète les nuages et les retient jusqu’à ce qu’il pleuve. C’est vrai, mais comme de toute façon il n’y a plus de nuages… c’est avant tout pour ça qu’il ne pleut pas. C’est pour ça que la végétation disparaît, notamment la forêt. Il faut tout de même signaler que la forêt disparaît aussi parce que les bois exotiques se vendent très cher. Mais ils sont exploités par le capital, pas par les populations locales, qui, elles, ne coupent que du bois mort pour cuire les aliments.
Comme la pollution des mers augmente en même temps que la pollution en général, et les diverses marées noires n’y sont pas pour rien, les dessalages des bateaux en pleine mer non plus, l’eau s’évapore de moins en moins et le désert gagne du terrain. Maintenant, l’absence de pluie gagne même la fRANCE ; où il y a pourtant des forêts (les promoteurs immobiliers ne les ont pas encore toutes brûlées). Donc la thèse de la déforestation ne tient pas, même si la déforestation n’arrange rien.
C’est le capital qui, en polluant les mers, empêche l’évaporation de l’eau. C’est lui qui en crée la pénurie. Et le peu d’eau qui nous reste, il la pollue. Tout en continuant, mais cette fois-ci consciemment, à produire cette catastrophe écologique, la pénurie d’eau potable, le capital compte désormais en tirer profit, comme de tout ce qu’il produit. Il pense arriver à nous vendre très cher de l’eau qu’il a dépolluée (parait-il ; mais reste-t-elle « vivante » ?) après l’avoir accumulée derrière de nouveaux barrages qui sont en soit de nouvelles catastrophes écologiques.
Si nous ne le détruisons pas, nous pouvons compter sur le capital pour que cet exemple se généralise. Il cherchera à faire du profit avec tous les désastres (écologiques ou non) qu’il aura créés ; et en en créant de nouveaux pour soit-disant contrer les anciens, et de plus en plus graves ; ainsi pourra se continuer le cycle profit -> désastre -> profit -> désastre ; cycle que le capital n’aura aucun intérêt à stopper, puisque dorénavant, c’est l’accumulation des catastrophes qui permettra l’essentiel de l’accumulation du capital. Ces deux expressions sont en train de devenir synonymes, et à la vitesse grand V. À tel point qu’on peut dire que le capital, c’est la catastrophe (et pas seulement écologique).
Le pouvoir finira par nous mettre un « gouvernement » à label écologiste afin que nous cessions de râler. 10 ans plus tard, nous nous rendrons compte que les choses n’ont fait qu’empirer encore plus vite qu’avant. Parce que sous prétexte que le « gouvernement » était « écologiste », nous n’avons pas fait attention, pas développé de rapport de force sur ce sujet — C’est exactement ce qui se passe en ce moment à propos de l’exploitation de l’individu par l’individu sous un « gouvernement » à label socialiste —. Alors, nous nous rendrons compte que nous ne pouvons compter que sur nous même pour nous sauver. Mais ce sera peut-être trop tard.
Les riches, eux, pourront toujours se faire construire des niches écologiques protégées de la pollution par des bulles de plexiglass, comme celles qu’ils sont en train d’étudier soit-disant « Pour que des hommes puissent vivre dans les conditions défavorables de la lune ou de Mars ». Là-dedans, il n’y aura pas assez de place pour tout le monde, pas même pour la main d’oeuvre qui les aura construites. Mais bien sûr, les spécialistes de l’écologie, étant indispensables à la mise au point et à l’entretien des bulles de plexiglass « écologiques », seront les bienvenus. C’est ça, la victoire des écologistes. Et même si les plus honnêtes d’entre eux ne le savent pas encore, le lecteur, lui, a compris dans quel camp ils sont.