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25 avril 2024

La « responsabilité de protéger » est morte en Libye


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Cornelio Sommaruga:

la « responsabilité de protéger » est morte en Libye

posté par François d’Alançon le Mardi 12 juillet 2011

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« La responsabilité de protéger est morte en Libye » affirme Cornelio Sommaruga, ancien président du Comité international de la Croix Rouge (CICR). Cornelio Sommaruga avait participé à l’élaboration de ce concept en 2001, au sein d’une commission internationale créée par le Canada, un concept invoqué pour la première fois dans la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’Onu sur la Libye.

Au moment où les parlementaires français devaient voter à une large majorité la prolongation de l’intervention armée française en Libye, Cornelio Sommaruga, aujourd’hui président de la Fondation du Futur et président honoraire de l’association internationale Intitiatives et Changement (Caux, Suisse), conteste « l’utilisation du concept par les trois puissances membres du Conseil de sécurité qui ont voté en faveur de la résolution », autrement dit les Etats-Unis, le Royaume-uni et la France, de même que « les conditions de son application ».

Au lieu de s’en tenir à l’objectif de protection des populations civiles, initialement proclamé dans la résolution, la coalition internationale engagée en Libye lui a substitué très rapidement un objectif politique, à savoir le départ de Kadhafi.

Résultat, affirme Cornelio Sommaruga, les pays membres de la coalition ont durablement compromis la crédibilité de ce concept, élaboré dans le but d’éviter, -et pas seulement par des moyens militaires-, la répétition de massacres ou de génocides comme au Rwanda ou dans l’ex-Yougoslavie. Et non pas, souligne l’ex-président du CICR, qui participait lundi soir à un débat dans le cadre du Forum de Caux sur la sécurité humaine, pour justifier une intervention militaire extérieure, destinée à provoquer un changement de régime.

Dans son rapport, la commission internationale insistait sur la nécessité d’une action préventive à court, moyen et long  terme. « On aurait pu prévenir ce qui s’est passé en s’abstenant de vendre des armes au régime de Kadhafi » explique l’ex-responsable du CICR. « De même, des sanctions auraient pu être prises avant de recourir à l’emploi de la force » ajoute Cornelio Sommaruga. « Une intervention militaire en dernier recours doit respecter le principe de proportionnalité, avoir la certitude d’arriver au résultat et respecter le droit international humanitaire ».

Toujours selon Sommaruga, le « deux poids, deux mesures » de la communauté internationale qui n’est pas intervenue pour protéger des populations civiles en danger en Syrie ou au Bahrein, décrédibilise un peu plus le principe de la responsabilité de protéger.

« Je n’exclus pas qu’il soit possible de négocier avec Kadhafi » conclut l’ancien haut fonctionnaire suisse, en citant en exemple le cas du CICR dont le représentant a pu négocier avec Tripoli un accord de siège et sur la visite des prisons, le CICR étant présent à Benghazi comme à Tripoli.

N. B. Dans les montagnes à l’ouest de la Libye, constatait récemment l’envoyé spécial du New York Times, les forces rebelles ont incendié et pillé la localité de Qawalish désertée par ses habitants, en contradiction totale avec le mandat de l’Otan censé protéger les populations civiles. L’organisation Human Rights Watch devrait publier un rapport à ce sujet.

posté par François d’Alançon le Mardi 12 juillet 2011

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