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24 avril 2024

Mali. A quoi joue la France à Kidal ?


Mali. A quoi joue la France à Kidal ?

Publié le 17 novembre 2013par 

Kidal

Dans une interview accordée au quotidien Le Monde,  Moussa ag-Acharatoumane, membre du bureau politique du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), a dénoncé les méthodes d’enquête de Paris suite à l’assassinat par un groupe terroriste des deux journalistes français à Kidal.

Il précise que les combattants du MNLA auraient pu sauver les journalistes français. « Juste après l’enlèvement, Ambeiry ag-Ghisa, une figure du MNLA, qui venait de les recevoir, a téléphoné à notre chef militaire, Hassan Fagaga, qui a prévenu la force française « Serval » que nous pouvions de suite poursuivre les ravisseurs. Les Français nous ont dit : « Ne bougez pas ». On aurait eu des chances de les rattraper. On connaît le terrain. Trois pick-up contre un seul, à grande vitesse, les preneurs d’otages auraient peut-être eu le temps de les blesser mais pas de les exécuter. Nous pouvions empêcher cette tragédie (…) Ce n’est, en tout cas, pas en faisant partir de Kidal, plus d’une heure après, une colonne de blindés qui roulent à 30 kilomètres à l’heure qu’ils pouvaient rejoindre un pick-up qui vole comme le vent. Si on nous laisse faire aujourd’hui, nous avons les moyens de retrouver les assassins. Pas pour faire plaisir à la France, mais parce que nous condamnons ces pratiques. » Moussa ag-Acharatoumane a également dénoncé dans cette interview les arrestations, les fouilles et les rafles opérées par les Français. « Ces méthodes vexatoires et expéditives sont contre-productives […] L’image des Français a été ternie et a conduit le peuple touareg à se retourner contre les Français. »

« Nous ne sommes pas des supplétifs » de la France, a-t-il déclaré, affirmant que le MNLA a soutenu la France dans sa guerre contre les groupes terroristes. « La France fuit ses responsabilités et veut cacher la réalité de ses liens avec le MNLA. Le premier témoin de cette collaboration n’est autre que l’actuel ambassadeur de France à Bamako, Gilles Huberson, que nous connaissons bien. C’était l’émissaire secret du Quai d’Orsay auprès de nous », a-t-il précisé.

Le MNLA a accusé, mardi 12 novembre, l’armée malienne d’avoir attaqué la première à Menaka vendredi dernier et d’avoir exécuté trois prisonniers.

Pour le troisième jour consécutif, la population de Kidal a manifesté pour exprimer son refus de voir les autorités maliennes revenir dans la ville. Ce mercredi 13 novembre, c’est autour du siège du gouvernorat et la radio que les manifestants se sont massés. Les soldats français de l’opération Serval ont usé de leurs blindés pour intimider les manifestants, en majorité femmes : ils ont forcé le passage pour disperser les manifestants, mais confrontés à la détermination des femmes et des jeunes, les soldats français ont fait demi-tour.

La population est décidée à installer des tentes autour du gouvernorat et y rester. Rien en semble entamer la détermination de la population de Kidal qui ne porte pas l’Etat malien dans le cœur et qui est décidée à se défendre malgré les initiatives incompréhensibles de la Direction du MNLA qui a accepté, non sans pression de la France semble-t-il, de libérer le siège du gouvernorat de Kidal et la radio.

Le quotidien malien « 26 mars » a appelé, dans son édition de mardi 12 novembre, à mater le MNLA. « A l’origine du mal, ce groupe de bandits armés dit MNLA qui, au nom d’un territoire imaginaire, ont semé la mort, la peur, la désolation et l’insécurité dans notre pays. Restés impunis malgré les crimes commis, tolérés et protégés ils ont fait de Kidal un « Etat dans un Etat » et continuent d’y compromettre la paix et la sécurité. Cette inadmissible situation doit prendre fin, même s’il faut que le MNLA connaisse le même sort que les rebelles du M 23 en RDC », écrit le quotidien.

« Ce mouvement doit donc être combattu avec la dernière rigueur et être définitivement anéanti. A moins que ses composants ne rendent les armes et se mettent à la disposition de la justice nationale ou internationale qui statuera sur leur sort », propose le journal.

Citant des « sources généralement bien informées », ce même journal affirme que c’est la France qui aurait ordonné au MNLA l’évacuation des lieux qu’il occupe toujours comme le gouvernorat et la Radio « dans le cadre de la sécurisation de la ville de Kidal et pour éviter un affrontement entre les rebelles et l’Armée malienne qui se préparerait à récupérer par la force les deux locaux ».

Masin

http://tamazgha.fr

 

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