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28 mars 2024

Femmes et hommes de tous les pays, ce cauchemar est aussi le vôtre


s et hommes de tous les pays, ce cauchemar est aussi le vôtre

Entre les lignes entre les mots

Nouvelle publication sur Entre les lignes entre les mots

Femmes et hommes de tous les pays, ce cauchemar est aussi le vôtre

by entreleslignesentrelesmots

9Dans sa préface, Nils Andersson nous rappelle l’histoire de ce livre. L’histoire aussi de ces rares éditeurs contre la guerre. De ces rares personnalités qui prirent le risque de diffuser, contre la censure et la justice étatique, les témoignages sur la torture, les exactions militaires, de mettre en lumière la violence du colonialisme, de la guerre, non reconnue comme telle, contre la nation algérienne et l’ensemble des populations.

« Il n’est pas d’État qui ne soit confronté à un moment de son histoire à un travail de mémoire. Un travail et non un devoir de mémoire, car il ne s’agit pas d’une obligation de contrition, mais d’un acte responsable »

Si la guerre est bien la continuation de la politique par d’autres moyens, comme l’écrivait Clausewitz, « Rien n’est plus vrai pour ce qui est de la « pacification » et de l’intégration des âmes par le napalm et la terre brûlée »

Comme indiqué dans la préface initiale du livre : « Retranchés dans leur bonne conscience, arborant les médailles de la Résistance, la Marseillaise aux lèvres, ces dignes représentants de la France éternelle s’identifiaient trait pour trait à leurs bourreaux d’hier, depuis le vichyssois blanchi jusqu’au gaulliste prédestiné. Les atrocités françaises en Algérie se poursuivent sans interruption, à des degrés divers et croissants depuis 1830 ». Les crimes ne furent pas des abus, des dérapages, des initiatives personnelles, « Il s’agit bel et bien d’un système quotidien, cynique et perfectionné, en théorie comme en pratique ».

Tortures (électricité, eau, feu, fer, corde, etc.), supplices psychologiques, laboratoires, villa Susini, centres de tri, camps de concentration, parachutistes, général Massu, Le Pen, commandant Aussaresses, capitaine de La Bourdonnais, général Bigeard, OAS, etc.

Et quelques noms : Djamila Bouhired, Henri Alleg, Maurice Audin et toutes celles et tous ceux restés moins connu-e-s, celles et ceux, couvert-e-s d’immondices et qui sont resté-e-s cependant propres.

Les gaz, les moyens bactériologiques, les bombardements et les incendies de villages, les exécutions sommaires, les massacres collectifs, la famine organisée, les enfumages, les chasses à l’homme, les viols, etc.

Comme le souligne, Patrick Farbiaz, en postface : « Soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, le rôle de l’État et de l’armée française est toujours passé sous silence ». Il indique, entre autres, la nécessité de restituer ce passé occulté. Sans oublier de l’autre coté du silence, le révisionnisme historique, les stèles, les plaques, les rues, les monuments à la gloire des assassins renommés « martyrs » de la « grandeur » de la France…

Sommaire

Avant-propos de l’éditeur : Pourquoi republier La Pacification ?

Préface de Nils Andersson : L’histoire d’un livre

La Pacification

  • Introduction
  • La Gestapo française
  • La gangrène
  • La condition humaine
  • Conclusion

Postface de Patrick Farbiaz : Décoloniser les esprits

Il était important d’éditer ce livre durant la sale guerre coloniale d’Algérie, et d’affronter la justice « nationale ». Et aussi comme l’écrivent les éditeur-e-s, « Republier La Pacification à l’identique – format et contenu inchangés – est pour nous une façon de rendre hommage à cette édition de résistance ». Il est aujourd’hui toujours important de rendre disponibles ces textes.

Crimes de guerre, crimes contre l’humanité, il faut encore obtenir des jugements contre les militaires coupables d’exactions et contre les dirigeants politiques qui leur en ont donné les moyens, voire les ordres. Sans oublier les débats nécessaires autour du vote des pleins pouvoirs, les responsabilités particulières des directions de la SFIO et du PCF (et heureusement pas de l’ensemble des militant-e-s).

A cette époque, la seule position politique conforme à l’égalité des peuples, à l’émancipation de toutes et tous, se traduisait par le refus de l’union sacrée, la rupture du « nous » artificiel autour de la France et la construction d’un « nous » contre le colonialisme et ses crimes. Il ne suffisait pas seulement dire « Paix en Algérie », mais aussi autodétermination des populations algériennes. Il fallait soutenir le combat des algérien-ne-s, et des kabyles, pour leur indépendance, bref refuser la honteuse poursuite de la domination de l’État français sur les peuples.

Et aujourd’hui, traiter des justes réparations pour les victimes de ces crimes « français ».

Hafid Keramane : La pacification. Livre noir de six années de guerre en Algérie

La Cité-Éditeur 1960, réédition Les Petits matins, Paris 2013, 317 pages, 16 euros

Didier Epsztajn

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