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30 avril 2024

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ou le retour au casque colonial ?


  Les commentaires de Jean LÉVY

 

INFO DU JOUR

NIGER: LE BURKINA FASO ET LE MALI SOUTIENNENT LE PUTSCH ET METTENT EN GARDE CONTRE UNE INTERVENTION MILITAIRE

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Dans un communiqué conjoint, Bamako et Ouagadougou apportent leur soutien au coup d’État au Niger et affirment qu’une « intervention militaire » pour rétablir le président reversé « s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali ».

Une intervention militaire au Niger pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum serait considérée « une déclaration de guerre » au Burkina Faso et au Mali, ont mis en garde ce lundi les gouvernements de ces deux pays, quelques jours après le coup d’État réalisé par des militaires à Niamey.

Dans un communiqué conjoint publié sur Twitter par Abdoulaye Maïga, porte-parole de l’exécutif malien, les gouvernements du Mali et du Burkina Faso « avertissent que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre » contre les deux pays, qui se retireraient alors de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Arrivés au pouvoir à Bamako et à Ouagadougou après des coups d’États, les gouvernements malien et burkinabé disent « exprimer leur solidarité fraternelle au peuple frère du Niger qui a décidé en toute responsabilité de prendre son destin en main et d’assumer devant l’histoire la plénitude de sa souveraineté ».

Des sanctions qui « aggravent la souffrance des populations »

Les deux pays dénoncent et refusent d’appliquer les « sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériens ».

Dimanche, la Cédéao a notamment décidé la suspension « immédiate » de « toutes les transactions commerciales et financières » avec le Niger et le gel des avoirs des putschistes.

Des sanctions qui « aggravent la souffrance des populations et mettent en péril l’esprit du panafricanisme », déplorent le Mali et le Burkina Faso

 

Les commentateurs politiques, en France se rangent automatiquement derrière l’ancienne puissance coloniale, la France, pour déplorer toute volonté d’indépendance qui se répand dans les différents territoires qui constituaient hier, son « Empire ».

Certes, ce mouvement d’émancipation ne date pas d’aujourd’hui.

Ils ont tous été, jusqu’à ces dernières années, ou brisé dans l’œuf par les autorités françaises.

Nous citons deux exemples des méthodes de réaction de la France officielle à la volonté d’indépendance des peuples des « colonies »,en utilisant pour ces rappels historiques les archives de  « Wikipédia ».

En écrasant férocement toute opposition, comme au Cameroun, (Voir plus bas) : un véritable génocide perpétré en pays bamiléké par l’armée française.

​​​Ou selon  l’Opération Persil, en Guinée

En 1959, Paris décide de déstabiliser la Guinée, qui, sous l’impulsion de son président Ahmed Sékou Touré, avait voté son indépendance dès 1958 et souhaitait, en 1960, abandonner le franc CFA et se doter de sa propre monnaie.

Maurice Robert chef du « secteur Afrique » au service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) de 1958 à 1968, revient sur cette période :

Nous devions déstabiliser Sékou Touré, le rendre vulnérable, impopulaire et faciliter la prise du pouvoir par l’opposition. 

Avec l’aide d’exilés guinéens réfugiés au Sénégal, nous avons aussi organisé des maquis d’opposition dans le Fouta-Djalon. L’encadrement était assuré par des experts français en opérations clandestines.

Nous avons armé et entraîné ces opposants guinéens, dont beaucoup étaient des Peuls, pour qu’ils développent un climat d’insécurité en Guinée et, si possible, qu’ils renversent Sékou Touré. (…) 

Parmi ces actions de déstabilisation, je peux citer l’opération « Persil », par exemple, qui a consisté à introduire dans le pays une grande quantité de faux billets de banque guinéens dans le but de déséquilibrer l’économie.

Ou comme au Cameroun :

où la question de l’indépendance est posée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dès septembre 1945, des affrontements ont lieu entre les membres les plus radicaux de l’Association des colons du Cameroun et des « indigènes » dont certains sont abattus.

Le plus important mouvement indépendantiste, l’Union des populations du Cameroun (UPC), est constituée le 10 avril 1948.

En mai 1955, des émeutes éclatent. L’administration française réagit en imputant la responsabilité à l’UPC et fait interdire le mouvement en juillet 1955. En décembre 1956, Pierre Messmer, alors haut-commissaire de la France au Cameroun, décide de convoquer des élections alors que l’UPC n’est toujours pas autorisée, l’administration favorise des partis hostiles à l’UPC.

Cette décision fait dégénérer la situation en conflit armé.

En mai 1955, les arrestations de militants indépendantistes sont suivies d’émeutes dans plusieurs villes du pays. La répression fait plusieurs dizaines de morts (l’administration française en recense officiellement vingt-deux) voire centaines de morts. L’UPC, dirigé par Ruben Um Nyobe, est accusée d’avoir organisé ces heurts et le gouvernement français  décide d’interdire l’UPC et de procéder à sa dissolution. Des centaines de militants sont placés en détention, tandis que d’autres prennent le maquis.

C’est le début d’une guerre qui va durer seize ans.

Pour isoler la rébellion de la population civile bassa, suspectée d’être particulièrement indépendantiste, cette dernière est déportée vers des camps situés le long des principaux axes routiers. Le général, responsable des forces françaises, ordonne « toute case ou installation subsistant en dehors des zones de regroupement devra être entièrement rasée et leurs cultures avoisinantes saccagées. » Les villageois sont soumis au travail forcé pour le compte de la société Razel, notamment dans la construction de routes.​​​​​​​

Dès février 1957, le commandement français  explique le traitement de ces zones « que l’on privera de toute ressource, en retirant sa population, en sabotant les cultures, les points d’eau, en évacuant le bétail, etc, et en y pourchassant les rebelles qui subsisteraient par des moyens qui peuvent être brutaux et sans discernement (mitraillage et bombardements aériens, etc)

Pour combattre les nationalistes, la France utilise des techniques déjà éprouvées dans les conflits coloniaux en Algérie et en Indochine. Les soldats chargés de la « pacification » ont d’ailleurs servi sous les ordres des colonels Bigeard et Trinquier.

Le général Briand, qui commandait les opérations au début des années 1960, évalue à « un peu plus de 20 000 » le nombre de morts pour la seule année 1960 et essentiellement en Région Bamiléké.

L’ambassade du Royaume-Uni évoque 76 000 morts entre 1954 et 1964 et le journal « Le Monde »120 000 morts…

 

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