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27 avril 2024

Les « démocrates et les passéistes par Badis Guettaf


Les «démocrates» et les «passéistes»

Dans le monde médiatique d’aujourd’hui, il y a, d’un côté, la quasi-totalité des organes de presse et des journalistes qui serait du côté du droit et de la démocratie et de l’autre une minorité suspectée de soutenir les dictatures et les tyrans. Les premiers porteraient l’Humanité en marche vers la liberté et les seconds seraient des réactionnaires ou au mieux des passéistes, incapables de comprendre que le monde a «changé» et que l’anti-impérialisme est dépassé par un nouvel engagement, que nul ne se préoccupe de définir avec précision.

Sur le terrain la position dominante se matérialise par un alignement sans faille derrière les décisions d’une «Communauté internationale», pilotée par les Etats-Unis, déterminés à «démocratiser» de manière sélective la planète. Peu importe que les Etats-Unis et leurs vassaux oublient les droits de l’homme et la démocratie pour les Palestiniens et qu’ils trouvent très démocratiques les archaïques monarchies du Qatar, de l’Arabie saoudite ou des Emirats et de pas mal de tyranneaux de par le monde. Il faut plutôt s’inscrire dans le «combat du siècle» qui doit mettre sous coupe réglée toute opposition aux maîtres. A ce titre, au-delà du «printemps» en cours, pour nos médias et journalistes de la pensée dominante, il va découler de fait que les démocraties exemplaires ayant porté des socialistes au pouvoir, en Amérique latine, soient des dictatures, selon la définition arrêtée par Washington. On aurait pu penser, un instant, que le résultat de l’intervention militaire en Irak et celui de la «démocratisation» de la Libye allaient provoquer, au moins, une réflexion sur le bien-fondé de la formule ; avec plus d’un million de morts ici et plus de 150 000 morts là pour le résultat que l’on connaît, il y avait pourtant de quoi se poser des questions. Il n’en a rien été. Bien au contraire et plus que jamais, non seulement il y a un soutien sans faille à un scénario libyen en Syrie (et en Iran), mais une aggravation de la dérive propagandiste au service de la machine de guerre occidentale. Bien sûr que, dans le tas, il a des gens sincères et convaincus des bonnes intentions qui sont avancées, surtout devant le spectacle offert par les dirigeants ciblés. Des dirigeants dont la répulsivité (selon les canons intellectualisés) est accentuée par une savante entreprise de diabolisation, bâtie sur les pires mensonges, que l’on n’hésite pas à reproduire et à matraquer avec l’opinion publique. Le but est de faire admettre aux peuples que c’est pour leur bien qu’ils doivent se soulever et s’ils ne le font pas, qu’à cela ne tienne, on fait en sorte qu’ils aient l’air de se soulever.

On injectera des «révolutionnaires» que la fabrique satellisée d’images titularisera. On trouvera des «opposants» pour former une direction de la «révolution» que la même fabrique finira par en épaissir la consistance. On produira le miracle de l’alliance, jusque-là contre nature, avec les islamistes qui, en retour, se sentent pousser des ailes et ne voient aucune contre-indication à se mettre au service des impies, de leurs ennemis héréditaires avec lesquels ils se découvrent une unité de vue et d’action sans faille. Fort heureusement, l’entêtement des faits empêche le monopole sur l’information d’accomplir tous ses forfaits.

Badis Guettaf

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