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19 novembre 2024

Le triomphe sans péril par Ahmed Halfaoui


http://www.lesdebats.com/editions/060512/les%20debats.htm

Le triomphe sans péril

On se souvient de  la grandiloquente cérémonie organisée au profit du porte-avion le « Grand-Charles », le navire amiral, à son retour à Toulon, après avoir servi jusqu’au bout de ses forces l’opération « Protecteur unifié » et avoir contribué à la « révolution » contre Mouammar Kadhafi.  Jeudi 3 mai, on remet cela, en l’honneur, cette fois-ci, de la base aérienne (BA) 126 de Ventiseri-Solenzara, en Haute Corse (France) qui a connu d’émouvants moments, pleins de souvenirs sur de hauts faits d’arme.

C’était le premier anniversaire de l’opération « Harmattan ». Pour ceux qui ont oublié, il s’agit du nom de code de la participation française à la périlleuse guerre contre la Libye. C’est ce qui vaut à la BA 126 de recevoir tout l’hommage qui lui est dû. Sur le tarmac, un emblème, le Transall Gabriel, cet avion franco-allemand de haute technologie, redoutable dans la guerre électronique, témoignait de ses huit mois d’intenses décollages et atterrissages. Les hommes, pleins de souvenirs, ne cachaient pas leur émotion de s’être distingués quand il l’a fallu. Le colonel Gilles Villenave. Commandant de la base pendant l’opération, était de ceux-là. Il restitue, sans se faire prier, les glorieux moments qui ont été vécus :  » je gardais en mémoire ce que j’avais vécu en Bosnie et en Irak, j’attachais donc personnellement beaucoup d’importance à l’accueil des pilotes au retour des missions. Ils étaient dans un état psychologique très solide. J’ai également été marqué par la montée en puissance de notre base disponible 24 h/24 h (…) Il y avait une telle adrénaline que j’avais l’impression que l’on pouvait tenir plusieurs jours sans dormir et en travaillant de manière efficace « .

A l’entendre, il y avait de quoi être dans cet état. L’armée libyenne ce n’était pas rien, même s’il ne fallait que larguer ses chargements de bombes, sans risquer un seul tir de DCA. Il fallait chercher où elle se cachait, il fallait à tout prix tuer quelques soldats pour que l’exclusivité n’aille pas aux civils qui, en principe, devaient être « protégés » et puis il y avait, par-dessus tout, le test de l’efficacité du matériel et l’évaluation de son comportement.

Ce qui n’est pas une mince affaire et qui autorise amplement de bomber le torse et d’afficher sa fierté, comme n’a pas manqué de le faire le général Palomeros qui déclare que la BA 126   » sait et saura encore répondre demain aux rendez-vous que lui fixe l’Histoire ». Surtout, aurait dû-t-il ajouter, quand il s’agit de refaire des opérations à la libyenne, car pour d’autres on ne sait pas encore. 

Le commandant de la base rappelle, à ce sujet, que la « base a été concernée par trois opérations en quinze ans, en Bosnie, au Kosovo et en Libye « . Ce dernier pays  l’a conforté « en tant que site stratégique et point d’appui d’importance vers le sud ». Une façon, peut-être, de tempérer l’enthousiasme des troupes, en précisant l’aire géographique des terrains d’intervention. Car les vraies guerres, où on reçoit des coups et plus, cela existe aussi. Chose qui risque d’être oubliée, si on prend l’habitude d’aller au  » tir au pigeon » contre les Africains.

Par Ahmed Halfaoui


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